Étape 4 : le contrat de travail / Introduction / Étape 1 : les conditions d’entrée sur le territoire français / Étape 2 : le titre de travail et de séjour / Étape 3 : le recrutement de travailleurs étrangers / Étape 5 : la protection sociale applicable / Étape 6 : la fiscalité / Étape 7 : le logement et les services / Étape 8 : la scolarité / Étape 9 : le compte en banque

Pour rappel, le détachement se distingue de l’impatriation par le fait que le travailleur étranger détaché en France reste salarié de son entreprise d’origine, non établie en France. Il reste sous la subordination juridique de son entreprise d’origine et le contrat de détachement est un contrat de travail international qui peut être soumis à une loi étrangère aux dépends de la loi française alors que le salarié étranger impatrié est salarié d’une entreprise située sur le territoire français (le contrat de travail est exclusivement régi par le droit français).

A. En cas d’impatriation

Comme indiqué plus haut, un impatrié dispose d’un contrat de travail dit « local », c’est-à-dire régi exclusivement par le droit français. Obligatoirement écrit, ce contrat constitue une pièce essentielle à la délivrance ou au renouvellement des autorisations de travail par l’administration française. Par contre, il ne peut pas être conclu auprès d’une entreprise de travail temporaire. Il doit garantir au travailleur étranger les mêmes conditions de travail que celles garanties à un ressortissant français :

1°) Rémunération

L’employeur doit garantir le même niveau de rémunération et de classification professionnelle aux travailleurs français et étrangers occupant le même poste.

2°) Durée et aménagement du temps de travail

Les dispositions sur la durée et l’aménagement du temps de travail du Code du Travail s’appliquent aux travailleurs étrangers.

3°) Congés payés

Par dérogation au régime de droit commun et en application d’un accord avec l’employeur, les salariés étrangers qui justifient de contraintes géographiques particulières, peuvent cumuler leurs cinq semaines de congés payés pour se rendre dans leur pays d’origine.

A noter : la notion de congé est étendue aux jours de RTT.

4°) Elections professionnelles et droit syndical

Tout travailleur étranger qui remplit par ailleurs les conditions fixées par le Code du Travail peut participer aux élections professionnelles de l’entreprise, être élu représentant du personnel ou désigné comme délégué syndical.

5°) Rupture du contrat de travail – Licenciement

Si l’employeur peut rompre le CDI d’un salarié étranger dans les conditions de droit commun, il est tenu d’appliquer la procédure légale de licenciement : convocation du salarié à un entretien préalable au licenciement (l’entretien doit se dérouler dans une langue compréhensible au salarié) et envoi de la lettre de licenciement par lettre recommandée avec avis de réception. Le salarié bénéficie des indemnités de rupture et des allocations de chômage selon les conditions de droit commun. Les allocations chômage seront versées si le salarié est inscrit comme demandeur d’emploi à l’ANPE. S’il y a recherche d’emploi dans un autre pays ou dans le pays d’origine , il y a possibilité d’exportabilité (pays EEE) des droits chômage pendant 3 mois au plus dans le pays d’origine.

A noter : L’expiration, le non-renouvellement ou le retrait du titre permettant à un ressortissant étranger d’exercer une activité salarié en France (une fois la décision rendue par l’administration française) autorise l’employeur à rompre le contrat de travail. Plus encore, l’employeur qui ne contrôle pas le renouvellement du titre de travail d’un salarié étranger pourrait être poursuivi au titre de l’emploi irrégulier d’un salarié étranger.

En cas de licenciement pour motif de droit commun (faute, motif économique), la rupture du contrat de travail peut conduire l’administration à refuser le renouvellement de l’autorisation de travail, voire du titre de séjour.

En présence de plusieurs contrats distincts au sein d’un groupe transnational, la rupture du contrat de travail liant le salarié étranger et l’entreprise française peut avoir des incidences sur la poursuite ou la reprise d’un éventuel contrat liant le même salarié à une filiale étrangère ou au groupe.

6°) Juridiction compétente

Dans le cadre de l’impatriation, le contrat de travail conclu entre le salarié de nationalité étrangère et l’entreprise française est régi par le droit français. Le salarié ou l’entreprise peuvent saisir les juridictions françaises (tribunaux ou Conseils des Prud’hommes).

7°) Cotisations de sécurité sociale

Si le ressortissant étranger n’est pas encore immatriculé à la sécurité sociale, l’employeur doit demander son affiliation auprès de la CPAM du lieu de travail dans un délai de 8 jours à compter de l’embauche. L’employeur est soumis aux mêmes charges sociales pour un travailleur étranger que pour un travailleur français.

A. En cas de détachement

Un contrat de travail international lie l’employeur non établi en France et le salarié qu’il détache dans une entreprise française. Un document écrit doit être transmis à l’employeur français. Celui-ci remet au salarié un contrat de détachement ou lettre de mission qui précise la date de début et de fin du contrat de détachement, la durée de travail, les modalités de congés payés, les conventions collectives, les modalités de rapatriement, la loi choisie par les parties etc ……

1°) La rémunération

La rémunération du salarié détaché dans une entreprise française est en principe à la charge de son entreprise d’origine non établie sur le territoire français. Les modalités du versement du salaire, notamment la devise utilisée, peuvent être mentionnées dans le contrat de travail international.

2°) La loi applicable

Elle est déterminée en application de la Convention de Rome qui désigne comme lois applicables au contrat de travail international :

- la loi choisie par les parties
- à défaut de choix, la loi du pays où le salarié exécute habituellement sa prestation de travail en dehors de tout détachement
- les lois de police

En cas de détachement en France, la loi française s’applique quand elle a été choisie par les parties ou lorsqu’il s’agit d’une loi de police ou d’ordre public. Les lois de police françaises doivent être respectées quelle que soit la loi applicable au contrat de travail. Elles concernent la durée du travail, les congés et jours fériés, l’hygiène et la sécurité, le salaire minimum, la représentation du personnel, etc….Les lois de police constituent un minimum auquel il n’est permis de déroger que dans un sens plus favorable au salarié étranger.

3°) La juridiction compétente

En cas de litige, il convient de savoir si une convention internationale peut s’appliquer. Si oui, s’y reporter pour déterminer le tribunal compétent car la convention internationale prime sur le droit français. A défaut, les tribunaux français peuvent être saisis.

A noter : il n’existe aucun lien entre la loi applicable au contrat de travail international et le tribunal compétent en cas de litige né de l’exécution du contrat.

En cas de détachement dans l’EEE : « Lorsqu’un travailleur est détaché en France, pour une période limitée, par une entreprise établie dans un autre Etat membre de la Communauté Européenne, les contestations relatives aux droits reconnus par l’art. L.341-5 du Code du Travail et des conditions de travail, peuvent être portées devant le Conseil de prud’hommes dans le ressort duquel la prestation s’effectue ou a été effectuée. » Décret 2000-462 du 29 mai 2000.

4°) Les cotisations de sécurité sociale

Le travailleur détaché continue à relever du régime de sécurité sociale de son pays d’origine dans la mesure où :

- il existe une convention de sécurité sociale entre la France et le pays d’origine
- les formalités nécessaires ont été effectuées auprès du régime de protection sociale de ce pays

Dans ce cas, les cotisations sociales françaises ne sont pas dues ni la taxe sur les salaires.

Si ces deux conditions ne sont pas remplies, le travailleur détaché relève d’un régime de protection sociale français et les cotisations françaises sont dues. Il est plus facile pour l’entreprise française d’accueil d’acquitter les charges et de refacturer cette obligation à l’entreprise d’origine.

C. Sanctions de l’emploi irrégulier d'un ressortissant étranger en France

L’emploi irrégulier d’un ressortissant étranger consiste à :

- recruter et continuer d’employer un salarié démuni de titre l’autorisant à travailler en France ou ne pas respecter les limites géographiques et professionnelles inscrites sur son titre

- ne pas respecter les procédures de recrutement obligatoires (introduction, régularisation, intervention de l’OMI)

- employer le ressortissant dans des conditions discriminatoires.

L’emploi dans ces conditions est lourdement sanctionné : cinq ans d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. L’amende est appliquée autant de fois qu’il y a d’étrangers concernés. Elle est portée à 100 000 euros et 10 ans d’emprisonnement, plus confiscation des biens et fermeture des locaux, en cas de commission en « bande organisée ».