LE PAYS OÙ L’ÉTÉ TOMBE EN PLEIN HIVER
Auteur : Sade
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" Buenos Aires est une capitale très européenne, où l’on peut vivre dans d’excellentes conditions. La différence majeure avec une capitale occidentale est qu’il n’y a rien aux environs. Il faut faire trois cents kilomètres pour trouver un peu d’animation. En d’autres termes, il faut prendre l’avion. Autre particularité : l’inversion des saisons. C’est un véritable casse-tête pour scolariser les enfants puisque la rentrée a lieu, là-bas, au début de notre printemps. "

Responsable administratif et financier du département étranger de la société Sade, une filiale de la CGE spécialisée dans la pose de canalisations, Yves Moreau a le sens du détail. Interlocuteur privilégié des expatriés, il connaît sur le bout des doigts toutes les particularités des pays où la société française possède des filiales, notamment en Argentine. " Nous sommes arrivés en Argentine à la suite de la Compagnie Générale des Eaux, partenaire de la société Agas Argentinas, le concessionnaire qui distribue l’eau à Buenos Aires. Une part des travaux d’adduction et d’assainissement nous étant réservée, nous avons créé une filiale sur place avec un fabricant local de canalisations. Notre partenaire s’étant retiré au bout de trois ans, nous possédons désormais une filiale à 100 % ", explique Yves Moreau. En matière de marchés, les procédures argentines sont comparables à celles en vigueur en Europe. Agas Argentinas est tenue de pratiquer le système des appels d’offres assortis d’un cahier des charges. " Il n’est pas toujours facile d’être compétitifs. En Argentine, comme ailleurs, tout le monde tire les prix ", poursuit le directeur administratif. " Aussi nous efforçons-nous de proposer des variantes techniques qui font la différence, telle la fusée à air comprimé qui permet de creuser sous la voirie sans gêner la circulation. "

De manière générale, la Sade utilise peu d’expatriés. Seul l’encadrement est composé de salariés français qui disposent d’un statut spécial. " Nos expatriés bénéficient d’un double contrat : le contrat réel avec la société française et un contrat spécifique d’expatriation, qui se superpose au premier. Si l’individu ne s’adapte pas, il est réintégré dans ses fonctions sans préjudice aucun pour sa carrière. Le contrat d’expatriation est adapté au contexte local. Il prévoit le logement sur place, des congés plus longs, une protection sociale comparable à celle en vigueur en France et une indemnité d’expatriation. Celle-ci est calculée en fonction de deux critères : le coût de la vie (nous sommes abonnés aux enquêtes que réalise régulièrement Air France dans ce domaine) et l’environnement. L’indemnité ne sera ainsi pas la même si le salarié travaille à Buenos Aires ou en pleine brousse. " En Argentine, ils sont une demi-douzaine à bénéficier de ce statut : le patron de la filiale, un ou deux ingénieurs, un ou deux conducteurs de travaux et de temps en temps un administratif. " Pour le reste, nous employons des salariés argentins, tels les comptables ou les aides comptables. Il faut savoir que là-bas, on fait à peu près ce que l’on veut dans ce domaine. Ils ne connaissent pas le plan comptable, pas plus que la comptabilité analytique. Nous avons donc implanté notre méthode inspirée du plan comptable espagnol. "

Pour Yves Moreau, qui pilote également une filiale en Uruguay, les pays d’Amérique Latine se ressemblent beaucoup. " Côté formalités, tout se fait devant notaire, ce qui implique une certaine lourdeur des procédures. " Mais le trait commun le plus caractéristique est sans doute la rivalité qui oppose les pouvoirs locaux entre eux. " Nous avons, un temps, espéré nous étendre vers Tucuman. Mais les rapports conflictuels entre le gouverneur local et le pouvoir fédéral ont fait échouer notre tentative. " En revanche, côté paiement les Argentins se montrent rigoureux. " Nous sommes habituellement payés en pesos, mais nous pouvons également négocier en dollars. Comme nous obtenons, en général, des financements locaux en pesos, nous travaillons en monnaie locale. Cela nous offre une sorte de garantie. Si le pesos baisse, notre dette baisse. C’est notre seule assurance change et c’est sans doute la meilleure. "

Yves Moreau
Chef de Service Chargé de Mission
Sade