" L'une des conséquences les plus inattendues de notre implantation au Brésil
est sans doute d'avoir été choisis par un grand groupe européen que nous tentions,
en vain, d'approcher depuis des années. Le fait que nous lui ayons tiré une épine
du pied au Brésil, grâce à notre filiale, s'est révélé déterminant. Cela montre
bien à quel point il est important, dans notre secteur, d'être installé là-bas.
"
Guy Peltier, directeur général d'Actia, fabricant d'équipements pour la réparation
automobile et d'électronique embarquée pour les poids lourds, n'est pas mécontent
de la petite dernière de ses filiales, ouverte voilà moins de deux ans à Porto
Allegre. Actia do Brasil obtient des résultats supérieurs aux prévisions les
plus optimistes et rayonne déjà sur les pays voisins. Cela dit, Guy Peltier
reste prudent et garde un oeil attentif sur les tableaux de bord de sa filiale,
dont l'implantation n'est pas encore stabilisée. " Nous sommes arrivés
à Sao Paulo dans les bagages de nos clients mexicains ", explique le directeur
général. " Le Mexique, où nous sommes installés depuis plusieurs années,
est équipé de bus en provenance du Brésil, premier fabricant de poids lourds
en Amérique Latine. Et nous savions que ce pays était une plaque tournante pour
l'ensemble du sous continent. Les Brésiliens travaillent en effet pour le Chili,
l'Argentine et la plupart des pays voisins. Tous ces clients avaient un intérêt,
objectif, à disposer d'un fournisseur commun d'électronique embarquée. Encore
fallait-il disposer d'une base sur place pour garantir l'intégration de nos
systèmes. "
Deux années ont été nécessaires pour préparer l'implantation d'Actia au Brésil.
"Pour savoir où et comment effectuer cette installation". Le choix
s'est finalement porté sur Porto Allegre, au sud du pays, dans une région industrielle,
près du premier constructeur de bus et car brésiliens "Marco Polo"
et à distance raisonnable des frontières argentines et chiliennes. "L'endroit
est pour nous idéal, à une heure d'avion de Buenos Aires et à une heure et demie
de Sao Paulo. Nous avons absorbé une petite société existante qui disposait
d'un volant de clientèle dans notre secteur. Nous avons apporté nos produits,
envoyé un expatrié et pourvu la société en capital à hauteur de 80 %. "
Rompue à ce type d’exercice, Actia do Brasil est la septième filiale d’Actia
France. Guy Peltier a fait appel à un cabinet conseil, KPMG en l’occurrence,
pour s’occuper des aspects financiers du dossier." Nous préférons nous
concentrer sur les aspects industriels et commerciaux. Notre problème, quand
nous ouvrons une filiale est de faire rapidement un chiffre d’affaire maximal
", commente-t-il très directement. " C’est pourquoi nous avons mis
en place toute une série d’indicateurs (trésorerie, prises de commandes, suivi
du budget initial...), qui nous permettent d’y voir clair en permanence. "
Le directeur général a ainsi pu constater que le niveau des ventes était dès
la première année supérieur à celui qui avait été prévu et que les résultats
se révélaient plutôt bons. " Cela est essentiellement dû à la capacité
des Brésiliens à intégrer localement nos matériels. Nous avons pu éviter d’importer
des systèmes sophistiqués, ce qui coûte très cher. Les Brésiliens sont d’excellents
techniciens. " Globalement, Guy Peltier se montre agréablement surpris
par la qualité de la culture et de l’environnement industriel au sud du Brésil.
" Bien que l’on constate encore un certain retard par rapport à l’Europe,
de cinq à dix ans selon les branches. "
Conséquences inattendues, les niveaux de prix et de salaire sont assez élevés,
plus en tout cas qu’il ne l’imaginait. Côté difficultés, le directeur d’Actia
relève la puissance et la lourdeur de l’administration, qui se complique au
Brésil en raison de la concurrence que se livrent les différents états et l’administration
centrale. " Il faudra que l’administration se modernise mais aussi qu’il
y ait une meilleure coordination des politiques entre les états et la capitale
" commente-t-il. S’il se montre, pour l’heure, ravi des performances de
sa filiale, Guy Peltier reste circonspect quant à l’avenir, échaudé par la crise
qui a secoué le Mexique ces dernières années. " Pour l’instant le plan
Real semble efficace, mais en Amérique Latine rien n’est jamais gagné. Un dérapage
soudain n’est pas à exclure et il faut rester vigilant. "
Guy Peltier
Directeur Général
Actia