" Réussir son implantation à Dubai ", puisqu’il s’agit là du propos
qui nous intéresse, découlerait presque d’une simple évidence. Ainsi, au-delà
du succès que connaît désormais Dubai en tant que centre d’affaires et plate-forme
de réexportation, outre les performances reconnues de son économie hors-pétrole
et les fortes potentialités qu’offre Dubai aux investisseurs et aux exportateurs
français, il m’a semblé indispensable au préalable et en définitive, d’insister
sur deux données simples mais pour autant essentielles dans ce pays :
la nécessité de s’y investir dans le temps et la continuité, pour y saisir
notamment l’importance du facteur relationnel dans la nature des liens commerciaux.
Dubai
Une des premières plates-formes de réexportation et de partenariats
industriel et commercial
Deuxième par sa taille des sept émirats qui constituent la Fédération des Emirats
Arabes Unis (E.A.U.), Dubai est le premier centre d’affaires du Moyen-Orient.
Contrairement aux autres émirats de la région, Dubai n’a pas attendu le pétrole
pour connaître une véritable prospérité. La présence de communautés commerçantes,
un port naturel sûr et accessible et une politique pragmatique de libre échange,
ont fait de Dubai un centre d’échanges privilégié entre l’Europe, la corne de
l’Afrique et l’Asie.
Le potentiel
Un marché important, en expansion
Dubai, véritable " hub " commercial, est la porte d’entrée vers une
région dont les importations annuelles s’élèvent à 100 milliards de USD pour
un marché représentant plus de 1,6 milliard de consommateurs, les importations
ayant augmenté de plus de 200 % depuis ces dix dernières années.
Un marché prospère, en évolution
En 1996, le commerce extérieur de l’émirat s’est élevé à 22,4 milliards de
USD, soit une progression de 13,4 % par rapport à 1995.
Le montant des importations a plus que doublé depuis 1989 pour atteindre près
de 17 milliards de USD en 1996 (+ 13,10 % en un an). 75 % de ces marchandises
sont réexportées vers des pays tiers.
Les réexportations de Dubai représentent plus de 80 % des réexportations totales
des émirats et sont acheminées vers plus de 140 pays, sur tous les continents.
Destinations principales de ces marchandises : les marchés voisins avec en
priorité l’Iran qui en absorbe environ 18 % en 1996, les pays membres du G.C.C.
(Gulf Cooperation Council), le sous-continent indien, l’Afrique orientale et
l’Afrique du sud et depuis peu, les républiques musulmanes de l’ex-Union Soviétique.
Un marché diversifié
Une grande variété de produits est importée à Dubai pour être largement réexportée
vers des pays tiers. Il y a en fait un marché pour une large palette de produits
et notamment les biens de consommation.
Un des éléments significatifs des conséquences de la diversification menée
par l’émirat de Dubai est que la part " pétrole " ne représente plus
que 19 % de son PIB en 1996.
Un marché libre et exonéré
Les dirigeants dubaïotes ont instauré dans l’émirat un climat favorable aux
affaires avec une absence de barrières douanières, de contrôle des changes et
de prélèvements fiscaux. Les droits de douanes sont faibles (4 %), voire inexistants
pour certains produits de première nécessité.
Un marché accessible
Dubai est un marché accessible, d’une part en terme de transport, 170 compagnies
maritimes et 80 compagnies aériennes desservent l’émirat et, d’autre part, en
terme de pratiques d’affaires : un environnement privilégiant le business. Le
secteur tertiaire y est bien implanté avec de nombreuses banques et, plus généralement,
des services sophistiqués destinés aux entreprises (avocats, comptables, communication,
etc.)
Un marché cosmopolite
Il existe à Dubai une forte communauté internationale, notamment iranienne,
libanaise et indo-pakistanaise.
Outre sa position géo-stratégique, l’exemption de fiscalité et des droits de
douane très faibles (4 %) voire inexistants, Dubai offre de véritables attraits
pour les sociétés cherchant à développer leur activités à l’international au
travers d’infrastructures sophistiquées et très performantes. Citons-en quelques-unes
:
- la zone franche de Jebel Ali (JAFZ) créée en 1985, recense déjà plus de 1
200 sociétés.
Tous les deux jours une nouvelle entreprise s’implante sur la zone.
35 entreprises françaises sont déjà installées dans la JFAZ.
Ces sociétés sont évidemment attirées par un environnement fiscal extrêmement
favorable (cf chapitre 3 : Zones Franches), le faible coût d’une main-d’oeuvre
de qualité, des capacités de stockage à des tarifs défiant toute concurrence,
le prix très compétitif de l’énergie et l’efficacité des services offerts sur
la zone.
- le Dubai Airport entreprend un vaste programme visant à doubler sa capacité
d’ici l’an 2005 où s’ouvre une nouvelle zone franche dédiée au secteur des services
et des technologies de pointe proposant des caractéristiques fiscales comparables
à celle de Jebel Ali. Dubai Airport constitue le second aéroport de transit
passager après Narita au Japon (8 millions de passagers par an).
Dubai Cargo Village, ouvert en 1991, est le second aéroport de transit cargo/containers
après Seattle, sa croissance est de 20 % par an. Il détient le record mondial
de vitesse de transhipment (air / mer en moins de 4 heures).
- les 2 ports de Dubai, port Rashid avec son " drydocks " (cale sèche)
et port Jebel Ali, le plus grand port artificiel au monde, sont les premiers
ports au Moyen-Orient. Le tonnage de containers traités représente la moitié
de Rotterdam et le tiers de Hong-Kong.
Les secteurs porteurs pour les PMI/PME
La place de la France
En 1996, les exportations françaises se sont élevées à 496 millions de USD
(plus de 3 milliards de francs), soit une progression de 15 %.
Ce résultat peut être jugé positif car non seulement la croissance des ventes
françaises est supérieure à la croissance annuelle des importations totales
de l’émirat, mais aussi à celles des ventes des principaux partenaires européens.
La France se situe au 11ème rang mondial des fournisseurs de Dubai avec une
part de marché de 3 %.
Le marché reste porteur spécifiquement dans les secteurs des biens d’équipements
professionnels et des biens de consommation.
Par ailleurs, la diversification de l’économie émirienne ouvre d’intéressantes
opportunités de partenariat industriel avec le secteur privé local, notamment
dans les technologies de pointe.
Il parait indispensable que les PMI/PME puissent être encouragées à prospecter
ce marché par le biais d’une participation accrue aux manifestations économiques
organisées, pour l’essentiel, à Dubai.
Dans le domaine des implantations d’entreprises, plus de 70 sociétés françaises,
en dehors des banques, ont choisi Dubai, parmi lesquelles Danone, Ducros, DEC
Alsthom, Gyma, Legrand, Leroy Sommer, l’Oréal, Merlin Gerin, Moulinex, Nobilis,
Péchiney, Rochas, Rhône Poulenc, Schlumberger, SEB, Sodexho,...
Quatre banques françaises sont également présentes à Dubai : Paribas, Indosuez,
Société Générale et UBAF.
Des secteurs d’activité d’avenir :
- tourisme (construction de 6 000 chambres d’hôtels d’ici l’an 2000)
- haute technologie, électronique et informatique
- industries de transformation
- produits pharmaceutiques, chimiques, et dérivés (incluant cosmétiques et
parfums)
- BTP - second oeuvre
- luxe et art de vivre
- agro-alimentaire
Le premier poste d’exportations françaises se situe dans le secteur des biens
d’équipements : 192 millions de USD (+ 30 % comparé à 1995). Vient ensuite le
secteur des produits chimiques, 99 millions de USD incluant parfums et cosmétiques,
le secteur de l’agro-alimentaire, 63 millions de USD, enfin les matériaux de
construction, 41,7 millions de USD.
Les techniques et formalités d’implantation propres
à cet émirat
Les différentes formes d’implantation
La loi permet aux sociétés étrangères de s’établir aux EAU, de deux façons
:
La filiale ou Branch Office
Un agent local est obligatoire, l’enregistrement à la Chambre de Commerce est
requis et l’accord du Ministre de l’économie et des Finances, des autorités
locales et de l’agent local émirien sont exigés.
Hormis en zones franches, toute société étrangère désireuse de créer une société
aux EAU doit s’associer à un partenaire local ou une société locale qui détiendra
au moins 51 % des parts de la société.
La loi définit sept formes différentes de sociétés. La limited Liaibility Company
(équivalent de notre Société à Responsabilité Limitée) répond le mieux aux besoins
des sociétés ou investisseurs étrangers. Les associés doivent être au moins
deux et au maximum cinquante. Le capital minimum s’élève à 150 000 AED, mais
chaque émirat peut instaurer un minimum supérieur à la loi. Ainsi, le Dubai
Economic Department exige 300 000 AED, divisibles en parts de 1 000 AED.
Le bureau de Représentation ou Representative Office
Un agent local (sponsor dormant ou actif) est obligatoire et les mêmes enregistrements
que pour la filiales sont exigés.
Le bureau de représentations permet la liaison entre la société mère et la
clientèle existante des EAU ou du Golfe. La présence aux EAU est assurée uniquement
à titre représentatif afin de promouvoir les produits ou services de la société
mère et laisse à celle-ci le soin d’entreprendre la relation commerciale directe
avec la clientèle.
Les zones franches
La zone franche de Dubai / Jebel Ali Free Zone
Elle est de loin la plus importante des EAU et possède le plus grand port artificiel
au monde. Plus de 1 200 entreprises y sont implantées. JAFZ offre les principaux
avantages suivants :
- possibilité de contrôle à 100 % du capital
- aucun droit de douane à l’entrée et à la sortie des marchandises
- possibilité de recrutement et de logement de la main-d’oeuvre
- 15 ans d’exemption d’impôt sur les sociétés, renouvelable pour 15 autres
années, dans l’hypothèse où les autorités de Dubai ou des EAU décident d’instaurer
ce type d’impôt
- rapatriement des profits sans limitation
Les entreprises contrôlées à 51 % ou plus par des citoyens émiriens ou des
pays du GCC seront considérées comme des entreprises locales et bénéficieront
des divers avantages en résultant.
La zone franche de l’aéroport de Dubai / Airport Free Zone
Opérationnelle dès 1998, elle offre les mêmes avantages que celle de Jebel
Ali.
Les accords passés avec la France pour faciliter
les investissements français
La fiscalité
Il n’existe pas d’impôts directs sur le revenu ni des personnes physiques ni
des personnes morales. Seules les sociétés gazières et pétrolières paient des
impôts, de même que les filiales de banques étrangères (25 %) et les entreprises
de courrier express, le régime applicable dans ces secteurs d’activité variant
selon les accords passés avec le gouvernement.
La France et les EAU ont signé, le 19 juillet 1989, une convention de non double
imposition. Cette dernière, complétée par l’avenant du 1er juin 1995, s’applique
" aux impôts qui seraient établis après la date de signature de la convention
".
Le programme Offset
Les EAU imposent depuis 1990 des contreparties industrielles aux contrats d’armement.
Ces contrats peuvent donc permettre un apport financier ponctuel pour certains
projets.
Dans ce cadre, 26 projets ont été développés, par des sociétés comme GIAT,
Mc Donnell Douglas, Casa, Lockheed, Prat & Whitney, Dassault, Thomson, Aérospatiale,
etc... et dans des secteurs très divers (agro-alimentaire, maintenance aéronautique,
textile, construction navale, transport maritime, etc..
Au cours des prochaines années, les autorités espèrent injecter 8 milliards
de USD dans l’économie à travers le programme Offset.
Offices d’investissement et Organismes d’aide aux
sociétés françaises lors d’une implantation
Offices d’investissement
Dubai a créé en 1995 Dubai Investments Company, société d’investissement à
capitaux privés dotée d’un capital de 1,3 milliard de dirhams avec une participation
du Gouvernement de Dubai à hauteur de 10 %.
L’objectif premier de ce fonds est la prise de participations dans des activités
prioritairement industrielles localisées aux EAU et axées sur les hautes technologies
(investissement minimum de 10 millions de EAD).
Organisme d’aide aux sociétés françaises lors d’une implantation
En France : Government of Dubai, Department of Tourism and Commerce Marketing
(DTCM)
Créé en 1989, cet organisme officiel est responsable de la promotion du commerce
et du tourisme de Dubai.
Son rôle est de :
- contribuer à la diversification économique en encourageant le développement
du secteur non pétrolier
- créer de nouvelles opportunités d’affaires afin de développer, d’une part
les échanges commerciaux entre l’étranger et l’émirat et, d’autre part, les
implantations de sociétés étrangères
- coordonner et rationaliser l’activité promotionnelle de Dubai grâce à une
collaboration active avec d’autres organisations
L’organisme de représentation du Gouvernement de l’émirat de Dubai en France
met à la disposition des sociétés et organismes français, des interlocuteurs
pour les guider et les assister dans leurs projets, des informations actualisées
et pertinentes sur le marché de Dubai ainsi que des listes de contacts d’entreprises
ou d’organismes.
Pascal Maigniez
Directeur
Dubai Department of Tourism and Commerce Marketing