UNE ÉCOLE DE PATIENCE ET DE PERSÉVÉRANCE
Auteur : Num SA
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" En Chine, l’une des premières expressions que l’on apprend est " Mei You ", qui signifie " y’en a pas ". Au début ça exaspère. Et puis on s’y fait. On comprend surtout qu’il ne faut jamais se décourager. Qu’il faut sans cesse remettre les choses sur le tapis, encore et encore. Et on arrive généralement à trouver ce que l’on cherche. C’est une question de persévérance." Eric Lachambre avoue avoir beaucoup appris au cours des quatre années qu’il a passées en Chine. " La patience est l’une des vertus qu’il est nécessaire de cultiver si l’on souhaite vivre là-bas. Si l’on n’y parvient pas, c’est simple : on n’y reste pas. "

Représentant général en Chine de NUM SA, une filiale du groupe Schneider, Eric Lachambre était un tout jeune cadre lorsqu’il est arrivé à Pékin en 1993. " C’était ma première véritable expérience d’expatrié, après avoir passé un an au Canada pour mes études. Lorsque je suis arrivé, j’ai presque été déçu. Je m’attendais à être totalement dépaysé, or le quartier où nous avons atterri, avec ma femme, était déjà très occidentalisé. " De fait, le jeune représentant s’est installé dans un premier temps au Landmark, un complexe réservé aux étrangers, dans un quartier chic de la ville, sur une avenue bien connue des occidentaux qui donne sur la place Tien an Men. " Mais c’était une impression trompeuse. Je me suis rendu compte assez vite, de la différence fondamentale de mode de vie. " La première vraie difficulté rencontrée par le jeune couple, a été l’approvisionnement. " On trouve pratiquement tout à Pékin, mais pas au même endroit. Et il nous a souvent fallu parcourir la ville entière pour trouver ici une cuillère en bois et là un morceau de viande adapté à nos estomacs. En quatre ans, toutefois, les choses ont beaucoup changées et l’implantation de grandes surfaces a singulièrement amélioré la situation." Autre problème majeur : la communication. " Il est très difficile de se faire comprendre. L’anglais est très peu parlé. Il faut donc se débrouiller en chinois. J’ai atteint le niveau minimum de survie en six mois, mais je n’ai jamais vraiment dépassé ce cap là. Certes, je comprends ce que l’on me dit, mais après quatre ans, je suis toujours incapable de tenir une véritable conversation. Le chinois est, de plus, une langue qui s’oublie très vite et qui s’écrit difficilement. Il faut être très motivé pour parvenir à un niveau acceptable. Et sans connaître la langue on ne travaille qu’à 60 % de ses capacités. "

Cette barrière de la langue a également posé des problèmes à sa femme, architecte, qui n’a pas réussi à trouver une véritable activité professionnelle durant son séjour. " Cela dit, elle a profité de cette période pour se familiariser avec l’architecture et la médecine chinoises, avant de s’occuper de notre premier enfant, qui est né durant notre séjour. " Eric Lachambre a beaucoup voyagé à travers le pays pendant ces quatre années. " Nous avions des clients un peu partout et j’ai eu droit aux joies liées au transport aérien en Chine. Dans ce secteur aussi, les choses se sont beaucoup améliorées depuis 1993 et l’on voyage désormais dans des conditions acceptables." Le plus surprenant au cours de ces pérégrination, en avion comme en train, est le rapport des chinois aux occidentaux. " Ils n’ont aucune notion de l’intimité et viennent volontiers vous toucher. Ma femme, qui a les cheveux blonds, était très souvent importunée. C’est un peu oppressant, mais ce n’est jamais méchant. Ils peuvent aussi vous enlever votre casque de walkman pour entendre ce que vous écoutez, par simple curiosité. Il ne faut surtout pas se formaliser. Dans les gares, l’habitude est de se marcher les uns sur les autres pour parvenir au guichet, ce n’est pas une marque d’agressivité, tout simplement une habitude." Eric Lachambre admet toutefois, avoir perdu son sang-froid à plusieurs reprises, en tentant de conduire à Pékin. " Ils découvrent la conduite automobile. Le résultat est catastrophique. Ils roulent trop vite, ou trop lentement, font des queues de poisson... bref c’est chacun pour soi et tout pour tout le monde. Mais au bout du compte, il y a assez peu d’accidents, alors ici comme ailleurs, il est inutile de s’énerver. "

Philosophe, le représentant français n’a jamais perdu de vue un principe qu’il juge essentiel : " les Chinois sont chez eux et il est inutile de tenter de les convertir à nos façons de faire. " C’est ce qui lui a permis de bien vivre dans ce pays attachant. Revenu en France, il n’a, au bout du compte qu’un seul regret, celui de ne pas s’être fait de vrais amis chinois, faute d’avoir pu communiquer avec eux dans leur langue.

Eric Lachambre
Responsable de bureau de liaison
Num SA