" La difficulté principale en Chine consiste à trouver un partenaire crédible.
Les sociétés chinoises ont des problèmes inextricables et sont souvent défaillantes
au niveau financier. Nous avons dû, à plusieurs reprises, revoir les termes de
l’accord initial et nous livrer à d’interminables palabres pour faire valoir notre
apport en capital. Finalement, ce sont les autorités qui nous ont tirés d’affaire.
" Laurent Pargamin se souviendra longtemps de l’énergie qu’il a dû déployer
pour implanter deux unités de production en Chine. Le Directeur scientifique de
Sediver, entreprise spécialisée dans la fabrication d’isolateurs haute tension,
a passé quelques mois difficiles avant que le projet ne soit définitivement bouclé.
Mais la persévérance a finalement payé, puisque les filiales franco-chinoises
de Sediver ont réalisé de bonnes performances, dès la première année de production,
après une mise en route quelque peu laborieuse.
" Nos premiers contacts avec la Chine sont relativement anciens. Dès 1979
en effet, le gouvernement chinois nous avait approché pour envisager une installation.
Nous n’avions pas donné suite, mais lorsque l’un de nos concurrents européens
est parti s’installer là-bas, au début des années 1990, nous avons décidé de
regarder les choses d’un peu plus près. " C’est ainsi que Sediver a entamé,
en 1991, ses premières négociations avec deux entreprises locales, situées dans
le Sichuan, au sud-ouest du pays, d’où est originaire Deng-Xiao Ping, l’une
pour mettre en oeuvre la fabrication d’isolateurs, l’autre pour les capots et
les tiges. " C’est un ingénieur de haut niveau qui est parti négocier sur
place, avec l’aide d’un cabinet d’avocats français basé en Chine. Un groupe
d’experts est venu les rejoindre, accompagné d’un interprète. " Deux accords
ont ainsi été signés en juin 1993, prévoyant la construction des usines en 1994
et le démarrage de la production début 1995. Les choses ne se sont toutefois
pas passées comme la société française l’espérait. " Nos partenaires se
sont vite révélés défaillants au niveau financier et se sont montrés incapables
de tenir leurs engagements. Il a fallu se livrer à de longues palabres et finalement
revoir la composition du capital en notre faveur. " La construction des
usines a donc pris du retard, tout comme le démarrage de la production, en raison
de nouvelles contestations de la partie chinoise. " Nos partenaires ont
refusé de signer le document final, estimant que nos apports en machines n’étaient
pas conformes à nos engagements. Il a donc fallu négocier à nouveau et nous
avons trouvé une solution grâce aux autorités locales. J’ai mesuré à ce moment
à quel point il était important d’avoir de bonnes relations avec les autorités.
"
Autre écueil rencontré par Sediver lors de cette implantation, la formation
des personnels. " Une partie des techniciens est venue en France pour se
former. Aujourd’hui ils ont quitté la joint venture et sont partis monnayer
leur savoir-faire sous d’autres cieux. Un problème comparable se pose pour les
cadres, notre partenaire change régulièrement de directeur général et n’hésite
pas à tout remettre en cause à chaque nouvelle nomination. Cela dit, d’une manière
générale, les Chinois sont compétents, assimilent bien les techniques et connaissent
leur métier. " Laurent Pargamin ne craint pas, pour l’heure, le pillage
technologique, mais confesse que l’hypothèse n’est pas complètement exclue.
" Pour l’instant nous sommes à l’abri, puisque le verre est toujours fabriqué
en France, mais nous subissons de très fortes pressions pour l’installer en
Chine. "
Le démarrage de la production a finalement débuté fin 1995 sous la houlette
de Jean-Paul Desrousseaux, qui avait supervisé la construction des usines. L’ingénieur
expatrié a été rejoint par un technicien en fonderie d’origine chinoise, qui
dirige la seconde unité. Si l’année 1995 s’est révélée catastrophique en termes
de comptes d’exploitation, l’année 1996, en revanche, s’est bien passée. "
Nous avons bien réussi notre pénétration sur le marché chinois, dans un secteur,
il est vrai, très porteur. Il y a de grands projets d’électrification, notamment
un réseau de 500 KW en cours de construction. Le marché est très libre et très
ouvert. Il est régi par un système classique d’appels d’offres, qui permet à
tout le monde de concourir et nous sommes désormais optimistes. "
Laurent Pargamin
Directeur Scientifique
Sediver