De nombreux observateurs, pour ne pas dire la quasi unanimité, s’accordent
à reconnaître qu’en l’an 2000 et quelques années, certains avancent la date
de 2020, la Chine deviendrait la première puissance économique mondiale. A partir
de cette donnée, peut-on ignorer commercialement l’Empire du Milieu ? Ne doit-on
pas s’y impliquer impérativement ? En raison des obstacles à surmonter, l’enjeu
de l’immensité d’un tel marché mérite-t-il qu’on s’y aventure ? Ces interrogations
ne doivent-elles préoccuper que les sociétés occidentales importantes ? Absolument
pas. Tout le monde peut faire son trou dans ce pays. A la condition d’être performant,
de faire valoir de véritables atouts et de disposer, last but not least, d’une
parfaite connaissance du terrain. En d’autres termes, il faut proposer de bons
échanges et/ou de bons investissements, ne pas ignorer les procédures et les
lois, de même que les codes sociaux et culturels, sans oublier ceux liés à la
politique.
Ce contexte semble difficile à appréhender. Et il l’est. Pour cette raison,
l’appui, le soutien d’un spécialiste de la Chine ne devrait jamais être écarté.
Faire l’impasse sur cet intermédiaire serait presque à coup sûr, si ce n’est
suicidaire, aller à tout le moins, vers de cuisantes déconvenues. Ce "
conseil " jouera le rôle d’éclaireur, d’interprète, de " sésame ",
dans ce marché où il est nécessaire de prendre sa place le plus rapidement possible
et de miser sur les moyen et long terme.
D’une superficie supérieure à 9500 Km2, l’Empire du Milieu abrite 1 200 millions
d’habitants. Tout commence, pourrait-on dire, en 1978 avec la politique d’ouverture
et de réforme de Deng Xiao Ping. C’est à partir de cette date, que le dialogue
entre les décideurs chinois et occidentaux est renoué. Les petites phrases de
cet ex-dirigeant éclairent sans ambiguïté le nouvel état d’esprit qui anime
la Chine. " Il est glorieux de s’enrichir, que certains s’enrichissent
d’abord. L’usage du capitalisme est une étape importante du développement social
de l’humanité. Faire usage du capitalisme qui constitue une étape fondamentale
du progrès de l’humanité. " On ne peut être plus clair.
Au sein de l’Union Européenne qui occupe, avec 13,3 %, le 4ème rang des fournisseurs
de la Chine, l’Allemagne est sans conteste le numéro un avec 6,2 %. Viennent
loin derrière l’Italie (2,6 %) à la 8ème place et la France (1,7 %) à la 11ème.
Début 1995, on comptait 251 entreprises françaises implantées en Chine dont
112 joint ventures et 139 bureaux de représentation. Nul doute que l’engouement
des firmes étrangères pour la Chine va aller en s’accélérant. Le montant des
investissements étrangers aurait atteint 39 000 M$ en 1992. Il était de 4 000
M$ en 1987. Actuellement, on considère que le chiffre de 1992 a plus que doublé.
La dimension humaine
Etre humble, poli, loyal, respectueux sont des qualités que l’individu doit
impérativement posséder pour se permettre de négocier avec les Chinois. On ne
parle pas ici de petites affaires à la va vite. Il est uniquement question de
contrat de qualité. Prélude à une liaison solide et viable pour les deux parties.
Il est évident que l’opportuniste, le vantard, l’arriviste n’a pas sa place.
Il ne peut avoir la plus minime chance de réussir quand on sait que le moindre
impair qui mettrait en porte à faux l’interlocuteur asiatique ferait échouer
une affaire se présentant sous les meilleurs auspices. Il est très utile de
savoir qui est en face de soi pour le traiter selon son rang et se garder par
méprise d’avoir un comportement qui ne conviendrait pas. La culture appropriée
ne suffit cependant pas. Il est nécessaire de tisser une toile relationnelle.
Les contacts doivent être, dans une première phase, un peu plus que partout
ailleurs, prudents et cordiaux. Inéluctablement, ils se transformeront ultérieurement
en amitié avec tout ce que ce terme implique. C’est dire que l’approche chinoise
demande du tact, du doigté et de la patience. Beaucoup de patience. " Le
temps nous est trop cher pour le perdre en paroles " fait dire Corneille
à Persée. Il l’est aussi sans aucun doute pour les Chinois. D’une toute autre
manière. Ces derniers privilégient l’esquive, le travers. Ne disent-ils pas,
" la rencontre a lieu en face, mais la victoire s’obtient de biais. "
Sans jamais perdre de vue l’ossature essentielle d’un contrat (paramètres économiques,
techniques, juridiques ....), les Chinois seront pointilleux, sans le laisser
paraître ostensiblement, quant à une éventuelle formation, aux clauses suspensives,
de résiliation, relatives à la concurrence....
La fiscalité
Comme partout, la fiscalité chinoise est complexe. Elle dépend d’un grand nombre
de paramètres. Les secteurs d’activités sont à prendre en considération mais
aussi les zones géographiques avec leurs particularismes. Rappelons que la Chine
est divisée en 22 provinces, 5 régions autonomes, 381 municipalités dont 3 à
statut spécial (Pékin, Tianjin et Shangai) et environ 2 300 districts. Schématiquement
et brièvement le taux normal de l’impôt sur le bénéfice des sociétés est de
33 %. La TVA, elle aussi soumise à diverses variations, s’élève généralement
à 17 %. Les entreprises acquittent également une taxe sur la construction et
l’entretien des infrastructures urbaines, située entre 0,4 et 1 % du chiffre
d’affaires.
Les interlocuteurs
Il serait trop long de citer, ici, tous les points de passage obligés pour
commercer avec la Chine. Nous nous contenterons d’un tour d’horizon non exhaustif
des administrations et organismes essentiels.
En premier lieu, il existe le MOFTEC (ex-MOFERT), qui est le ministère du Commerce
extérieur et de la Coopération économique. Ses compétences sont généralistes.
Tout ou presque passe par ses fonctionnaires pour ce qui est des activités économiques
étrangères avec la Chine. Il dispose d’innombrables ramifications (liens étroits
avec divers ministères et départements spécialisés, douanes, inspection...)
C’est le MOFTEC qui donne le feu vert pour les investissements, les importations
et les produits destinés à l’export. Il est habilité à approuver ou refuser
les transferts technologiques.
La SAIC (State Administration for Industry and Commerce) est responsable de
la réglementation du commerce et des affaires. Elle délivre les licences et
a, notamment, en charge les formalités d’immatriculation des sociétés étrangères
(bureau de représentation, joint venture...).
Le CCPIT (China Council for the Promotion of International Trade) est une pièce
essentielle dans le dispositif de pénétration du marché de l’Empire du Milieu.
Il assure le relationnel entre les firmes locales et celles de l’étranger. C’est
la cheville ouvrière pour le développement du commerce de la Chine avec l’étranger.
Il organise toutes les manifestations commerciales. Qu’il s’agisse des foires,
des expositions, des conférences.
Les CCE ou Corporations de Commerce Extérieur, sont le chaînon entre les fabricants
locaux et les commerçants étrangers.
La CIECIC (China National Import and Export Commodity Inspection Corporation)
octroie, quant à elle, les certificats de conformité pour les importations et
exportations.
Claude Sauvay
Directeur
S.H.I.