UNE IMPLANTATION STRATÉGIQUE À SYDNEY
Auteur : Spot Image
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" L'Australie est un véritable continent et se prêtait bien, compte tenu de ses besoins et de l'immensité de ses ressources, à un programme comme le nôtre, qui vise à faire des inventaires à grande échelle. C'était donc un territoire tout à fait intéressant, mais difficile à traiter à distance. Par ailleurs, pour ce pays anglo-saxon, de forte culture à influence américaine dans le domaine scientifique, une présence locale de notre part était un moyen plus efficace pour faire passer notre nouveau message dans un contexte de concurrence américaine assez vive ", explique Prosper Isierte, directeur administratif et financier du groupe Spot Image, spécialisé dans l'observation satellite de la terre, créé en 1982 autour d'un actionnariat important qui réunit des entités du service public, de grandes banques françaises, Matra, le CNES, l'Institut Géographique National, l'Aérospatiale, Alcatel et quelques partenaires étrangers.

Spot Image a effectivement démarré en 1986, avec le lancement du satellite Spot 1. Suivront Spot 2, 3 et dernièrement, Spot 4 en mars 1998. Autant de satellites qui permettent, aujourd'hui à Spot Image, de disposer de cinq millions d'images de tous les points du globe, avec une précision de l'ordre de 10 ou 20 mètres. Et de les distribuer, soit en direct à partir de son siège à Toulouse, ou par l'intermédiaire de l'une de ses trois filiales implantées à Washington, Singapour et Sydney. Le groupe réalise un chiffre de 225 millions de francs dont 90% à l'exportation (environ 7 millions de francs en Australie).

Deuxième filiale du groupe, cette dernière fut créée en 1990. " D'abord, l'éloignement ne facilitait pas le développement d'un marché neuf. Il nécessitait un effort de promotion important. Des potentialités existaient, il nous fallait donc une base locale. Plutôt que de passer par un distributeur, sur un marché en phase de constitution où l'aspect promotion est aussi important que la commercialisation, nous avons préféré avoir des gens à nous et passer en direct. " Parallèlement, Spot Image concluait un accord de réception direct de données du satellite par l'intermédiaire d'une station australienne, ces derniers ne souhaitant pas apparaître en première ligne, en tant qu'acteur de la commercialisation des données reçues. Le relais local trouvait là, une seconde raison d'être pour se constituer.

La structure vit le jour grâce à un ingénieur français, spécialisé dans le traitement de l'imagerie, établi en Australie et jusque-là employé, en VSNE, par l'ambassade australienne. " Nous l'avions connu comme relais d'un partenaire public. Nous l'avons embauché. Il a monté la société avec un partenaire australien. " Petite structure composée de cinq personnes, la filiale australienne, baptisée Spot Imaging Services (S.I.S), a pour vocation la diffusion des images reçues à la maison mère de Toulouse, ou directement réceptionnées sur le territoire australien.

" Comme dans d'autres pays anglo-saxons, le formalisme n'est pas très important, les choses sont souvent rapides et simples, l'implantation s'est faite sans difficulté particulière. Par l'intermédiaire de nos conseils en France, nous avons recherché des correspondants locaux qui nous ont expliqué les mécanismes. Il existe un processus de coquilles juridiques pré-existantes que nous avons activées. Il est ensuite possible de les modifier comme vous le désirez. Par l'émission d'actions, l'élargissement de l'objet social, en fait, vous pouvez démarrer très vite avec une structure juridique préétablie et lui donner, par la suite, le contour voulu. En France, nos commissaires aux comptes disposaient d'un réseau international auquel nous avons fait appel pour la prise en charge et le suivi comptable du dossier. Dans le cadre d'une activité de distribution, qui n'impliquait pas de lourds investissements, cela ne soulevait pas de problèmes majeurs de fiscalités. " Des locaux nous ont été loués et aménagés. Au total, l'investissement n'a pas dépassé 800 000 francs, sans subvention. Trois ans après la création, l'entreprise est devenue à 100% australienne. Là encore, l'expatriation n'a pas été envisagée. Même si elle pouvait apparaître plus rassurante, son coût, l'équivalent de deux fois et demie un salaire français, devenait rédhibitoire. " Le problème de l'Australie, c'est l'éloignement. Cela dit, la vie y est beaucoup moins stressante qu'en Europe ".

Mais une présence australienne permet aussi à Spot Image d'avoir un oeil vers les marchés de la Nouvelle-Zélande et de l'Asie où d'importants projets de coopération sont engagés. Une position stratégique, d'autant que si Spot Image bénéficiait, jusqu'à aujourd'hui des déboires des lanceurs américains Lansat, le marché évolue. Le secteur, autrefois monopolisé par des structures parapubliques, voit arriver des initiatives expérimentales privées qui risquent de bousculer la donne des images satellites de demain.

Prosper Isierte
Directeur Administratif et Financier
Spot Image