" Vue de l’extérieur la République Tchèque est un pays en plein boom, un
pays déjà développé, mais dès que l’on entre dans les arcanes de l’administration,
on se rend compte que les choses sont beaucoup plus compliquées qu’on ne l’imaginait.
" Georges Jacob, directeur international du groupe Abzac, ne cache pas avoir
eu de sérieuses difficultés pour implanter une unité de production en Tchéquie.
Mais en dépit des obstacles rencontrés, l’entreprise bordelaise se félicite aujourd’hui
d’avoir tenté l’aventure. En moins de deux ans, la filiale tchèque du numéro un
français du tube en carton a conquis 35 % du marché régional et songe déjà à redimensionner
son usine, ouverte en plein centre du pays, à deux pas d’Austerlitz.
L’implantation d’unités de production proches des lieux de commercialisation,
est une nécessité absolue pour le groupe Abzac, spécialisé dans la transformation
du carton. Le coût de transport de ses produits, qu’il s’agisse de fûts en papier
craft pour l’industrie chimique ou de supports d’enroulement pour la papeterie,
est en effet rédhibitoire au-delà de 1 000 kilomètres. " Il nous faut donc
implanter des usines à l’étranger pour assurer notre développement. " Abzac
a fait son apprentissage à l’international au Canada dans les années quatre-vingt,
en adoptant la formule de la joint venture. Une expérience heureuse qui a convaincu
les dirigeants du groupe de multiplier les filiales en s’associant avec des
partenaires locaux. Le groupe compte aujourd’hui 13 usines implantées pour la
plupart en Europe.
" Curieusement c’est l’un de nos avocats canadiens, d’origine tchèque,
qui nous a suggéré de nous implanter dans cette région ", explique Georges
Jacob. " Dès notre premier voyage sur place, nous nous sommes rendus compte
que la reprise d’une entreprise locale était beaucoup trop risquée. La technicité
était manifestement trop pauvre et le nombre d’employés trop élevé. Il nous
est apparu plus intéressant de rencontrer nos clients potentiels et de leur
proposer une association. " C’est ainsi qu’est né, en collaboration avec
les trois plus gros papetiers tchèques, le projet " Chesky Abzac "
une joint venture au sein de laquelle Abzac possède 60 % du capital, le solde
étant réparti entre les trois papetiers associés à l’opération. Le groupe français
n’a pas rencontré de problème majeur pour financer l’investissement, grâce à
un emprunt négocié auprès de la Société Générale de Brno en francs et en marks.
Il a éprouvé beaucoup plus de difficultés pour matérialiser l’implantation de
l’unité de production. " La construction d’une usine neuve s’est révélée
impossible. Il aurait fallu attendre des années pour obtenir les permis nécessaires.
On ne change pas du jour au lendemain 45 ans de mauvaises habitudes administratives.
" Finalement, six mois de recherches continues ont été nécessaires pour
trouver des locaux adaptés à l’activité de l’entreprise.
" C’est une société française installée sur place qui nous a aidé à recruter
le manager ", poursuit Georges Jacob, " nous souhaitions qu’il soit
Tchèque et plutôt germanophone que francophone, pour être en phase avec la culture
industrielle locale. " L’assistante de direction, également tchèque a,
en revanche été choisie francophone pour assurer le lien avec le siège. Et pour
assurer la bonne marche de l’unité, l’ensemble du personnel est venu se former
dans les usines françaises sous la houlette de Cédric Ardin, le numéro deux
de " Chesky Abzac ", qui supervise techniquement l’ensemble de l’opération.
" Le démarrage de l’exploitation ne s’est pas effectué aussi facilement
que nous le pensions ", ajoute le directeur international. " L’administration
nous a causé beaucoup de soucis, en particulier sur le chapitre des normes techniques.
Nous avons dû modifier certaines machines, pour satisfaire aux exigences des
multiples contrôles qui nous ont été infligés. "
Plus lente que prévue, la montée en puissance de l’unité de production s’est
effectuée de façon régulière. " Nous avions beaucoup investi dans les échantillons
pour convaincre nos clients de la qualité de nos produits. Il nous a fallu quelques
mois pour faire nos preuves, mais une fois la démonstration faite, le bouche
à oreille a très bien fonctionné, jusqu’en Slovaquie, où nous avons déjà plusieurs
clients. " Les résultats sont aujourd’hui au rendez-vous et l’entreprise
française, qui ne cache pas sa satisfaction d’avoir damé le pion à ses concurrents
allemands sur leur propre terrain, envisage de pousser son avantage en programmant
de nouveaux investissements au cours des prochains mois.
Georges Jacob
Directeur International
Conseiller du Commerce Extérieur
Groupe Abzac