La France est pour la Pologne un partenaire stratégique très important, tant
dans le domaine politique qu’économique. Pour la France aussi, la Pologne devient
un partenaire économique de plus en plus intéressant.
L’an dernier, la Pologne est devenue le 28ème membre de l’Organisation de la
Coopération et du Développement Economiques (OCDE). Avec l’adhésion à l’OCDE,
la Pologne a prouvé qu’elle achevait la principale étape de sa transformation
économique vers l’économie de marché.
Il y a presqu’un an, le 16 juillet 1997, la Commission Européenne a publié
son avis sur les pays candidats à l’adhésion à l’UE, dont la Pologne. Notre
pays a été désigné comme l'un des principaux candidats à l’adhésion. Au début
de 1998 les négociations sur l’adhésion vont démarrer. Nous sommes convaincus
que la Pologne sera parmi les pays de la première vague de l’élargissement et
qu’elle rejoindra l’Union avant l’an 2005. Avec une croissance de 7 % par an
et 38,6 millions de consommateurs, la Pologne est un pays en pleine expansion
économique. En 1996, 66 % du PIB ont été générés par le secteur privé, 10,5
millions de personnes (69 % de la population active) y ont participé.
La Pologne était le premier pays de l’Europe Centrale et Orientale où le PIB
progressait en 1992. Au cours des dernières années les tendances au redressement
économique se sont renforcées et consolidées. Le PIB a augmenté de 3,8 % en
1993, de 5,2 % en 1994, de 7 % en 1995 et de 6,1 % en 1996.
Selon les prévisions, le taux de croissance du PIB s’élèvera à 5,7 % en 1997
et à 5,5 % en 1998, en dépit des conséquences des graves inondations de l’été
1997.
La dynamique élevée de la croissance économique en Pologne est largement due
à l’accélération des investissements à partir de 1994, en particulier dans le
secteur privé et dans le domaine d’investissement en capital fixe. Le volume
des investissements a augmenté de 17 % en 1995, 22 % en 1996 et 24 % au premier
semestre de 1997.
Les investissements étrangers
Ils ont beaucoup contribué à cette dynamique de croissance. Les entreprises
étrangères ont investi en Pologne environ 2,5 milliards USD en 1995 et 5 milliards
USD en 1996. Au 30 juin 1997, la valeur cumulée des investissements directs
étrangers en Pologne a dépassé 16 milliards USD. Les obligations d’investissements
constituent plus de 9 milliards USD.
Les secteurs qui se révèlent plus particulièrement
porteurs (sans en dresser une liste exhaustive) sont les suivants :
- l’agro-alimentaire
- les travaux publics
- l’environnement
- la construction et les biens d’équipement
- les produits pharmaceutiques
- la vente par correspondance
- l’automobile
- les produits de luxe
- le prêt-à-porter
- la publicité
- le secteur bancaire et l’ensemble des services financiers
- les assurances
Les investissements français en Pologne
Ils ont doublé en 1995 et ont augmenté de façon dynamique en 1996 et en 1997.
A la fin du premier semestre de 1997, ils ont atteint 1,2 milliards de USD (environ
7 milliards de FF), ce qui donne à la France la 5ème place sur la liste des
investisseurs étrangers dans notre pays. Les opportunités du marché polonais
sont nombreuses et les investisseurs français attendus.
La croissance économique en Pologne n’a pas empêché l’inflation de décélérer
considérablement : de 70 % en 1991 à 19,9 % en 1996, 15 % prévus pour cette
année et 11 % pour l’année 1998 (ce sont des taux annuels moyens de changements
des prix à la consommation).
Le taux de chômage
Il approchait des 17 % de la population active en 1994, était successivement
réduit, jusqu’à 10,6 % à la fin du mois d’août 1997 (environ 2 millions de personnes).
Il devrait descendre au-dessous de 10 % en l’an 2000.
Les relations économiques franco-polonaises
Elles se développent vigoureusement ces dernières années.
La valeur des échanges globaux entre nos deux pays a triplé dans les années
1990-1996. En 1996 elle a dépassé 17 milliards de francs dont les exportations
polonaises constituaient 6,6 milliards de francs et les exportations françaises,
10,5 milliards de FF. En 1997, nos échanges bilatéraux ont dépassé 20 milliards
de francs en quadruplant par rapport à l’année 1989. Tant en Pologne qu’en France
les taux de croissance des exportations vers l’autre pays sont les plus élevés.
Ils excédent largement des taux moyens. En 1996, nos échanges ont augmenté de
40 %, dont les exportations polonaises de 29,1 % et les exportations françaises
de 49,7 %.
La Pologne est devenue en 1996 le premier marché de la France en Europe Centrale
et Orientale, en devançant la Russie. Elle s’est placée à la 21ème place sur
la liste des destinataires des exportations françaises, en restant sur la 33ème
position comme fournisseur de la France.
Pour la Pologne, la France est le 5ème partenaire commercial, avec une part
de marché de presque 5 %.
Malgré la dynamique extraordinaire des échanges entre la France et la Pologne
ces dernières années, il existe un élément qui nous inquiète, il s’agit du déficit
du commerce de la Pologne avec la France, qui a doublé en 1996. Il a progressé
de 1,9 milliards de FF en 1995 à environ 3,9 milliards de FF en 1996 et à presque
7 milliards en 1997.
Pour ce qui est de la structure du commerce extérieur de la Pologne vers la
France, voici comment s'établissaient les échanges par secteurs en 1996 :
- métallurgie 21,5 %
- textiles, vêtements et chaussures 16,3 %
- chimie 11,1 %
- bois et papier 9,5 %
- agro-alimentaire 7,2 %
Les exportations françaises vers la Pologne
Elles sont dominées par deux groupes : les biens d’investissements, dont les
machines, l’équipement et les voitures 45,3 % et les produits chimiques 23,3
%.
Les produits alimentaires y occupent 10 %, avec un solde fortement excédentaire
pour la France, 576 millions de FF en 1996.
La mauvaise conjoncture économique de l’UE a limité le volume des achats en
Pologne en 1996 et au premier semestre de 1997. Elle a contribué aussi à la
détérioration des relations des prix dans le commerce extérieur de la Pologne.
Pour des raisons structurelles, dues à la part élevée de produits primaires
ou peu transformés (les métaux, le charbon, les minerais et les produits chimiques),
les exportations polonaises sont toujours sujettes aux fluctuations conjoncturelles
des pays les plus industrialisés, tels que l’Allemagne et la France.
L’appréciation progressive du zloty en termes réels diminuait la compétitivité
des prix produits polonais, car le taux de dépréciation nominale du zloty vers
les devises étrangères était régulièrement plus bas que le taux d’inflation.
De plus, la libéralisation des importations et des flux des capitaux ont fait
des progrès considérables. Le processus de libéralisation est toujours en cours
(en particulier, dans les relations avec les pays de l’UE), de par les accords
internationaux sur le libre échange conclus par la Pologne et des obligations
liées à la participation de la Pologne aux organisations internationales, telles
que l’OMC, le FMI et l’OCDE.
Le taux moyen pondéré du droit de douane
Pour les produits importés, qui s’élevait à 14,3 % en 1991, il a baissé à 5,7
% au 1er janvier 1997. Le droit de douane pour les produits industriels s’élève
à 4,8 % et pour les produits agro-alimentaires à 14,7 %.
Les tendances récentes des échanges bilatéraux franco-polonais sont similaires
à celles observées en 1996. Au premier semestre 1997, nos échanges bilatéraux
ont augmenté d’environ 24 % dont les exportations françaises vers la Pologne,
de 34,4% s’élevant à 6,4 mld FF et les exportations polonaises vers la France,
de 8,3 % soit 3,5 mld FF.
Donc, le déficit commercial de la Pologne a approché 2,9 mld FF. Si ces tendances
continuaient au deuxième semestre, nos échanges dépasseraient 21 mld de FF en
1997, la valeur des exportations françaises atteindrait environ 14 mld FF et
celle des exportations polonaises 7 mld FF. Un déséquilibre aussi élevé des
échanges pourrait être dangereux pour l’avenir de nos relations commerciales.
Juliusz Kotynski
Conseiller Economique et Commercial
Ambassade de Pologne à Paris