DES IDEES MAIS PAS DE MATIÈRES PREMIÈRES
La Suisse ne possède aucune des matières premières traditionnelles
qui sont dans d'autres pays à la base du développement industriel.
La métallurgie p. ex. part des produits semi finis (importés)
pour les transformer en produits finis des plus divers. Ceci met aussi en évidence
un trait caractéristique de l'économie suisse: la transformation
de produits partiels ou intermédiaires en produits de marque devant faire
Face à des exigences d'usage ou de qualité élevées.
Ce type de produit doit souvent être écoulé à l'étranger
car le marché intérieur ne suffit souvent pas. On peut appliquer
des considérations analogues au secteur tertiaire très diversifié.
Précieux secteur tertiaire: équilibre de la balance commerciale
Deux tiers de la superficie du pays sont couverts de forêts, de lacs
et de rochers, et la surface cultivée est à peine en mesure de
nourrir suffisamment la population; en outre, le sous-sol est pauvre en matières
premières. Par contre, la Suisse dispose d'une main d'oeuvre très
qualifiée aux connaissances technologiques élevées, ceci
au bénéfice des secteurs secondaire et tertiaire performants.
L'industrie se concentre sur des produits finis de pointe qui nécessitent
une fabrication délicate et qui sont très demandés sur
les marchés mondiaux. Par contre, la fabrication de biens de masse standardisés
internationaux est plutôt l'exception.
Le secteur tertiaire est également d'une portée internationale
et occupe aujourd'hui déjà bien plus de la moitié des salariés.
Les banques et assurances suisses sont prédominantes sur le plan international.
Grâce à ses contrées pittoresques, la Suisse bénéficie
en outre d'un tourisme très florissant.
Le commerce extérieur
En fait, aucun autre pays occidental ne voit son économie dépendre
dans une telle mesure de l'étranger. Cette dépendance se manifeste
tout aussi bien en matière d'importation que d'exportation. La politique
économique suisse a depuis toujours adopté les principes de la
liberté de commerce; elle se caractérise par une faible fiscalité
douanière et l'absence presque totale de limitations aux importations
- exception cependant pour les produits agricoles. De ce fait, la Suisse figure
parmi les pays au plus gros volume de commerce extérieur par tête
d'habitant, et au niveau de vie le plus élevé.
Après les notables excédents de l'année précédente,
le bilan commercial de 1997 se termina par un actif plus modeste. Mais en même
temps, les excédents du bilan des prestations de service ont augmenté
grâce à un meilleur développement touristique et à
un accroissement des commissions bancaires. L'excédent du bilan commercial
devrait ainsi en 1997 être légèrement supérieur à
celui de 1996 (26,4 mrd de francs).
Croissance et récession
Après la Deuxième Guerre mondiale, la Suisse a connu une longue
période de prospérité qui atteignit un premier point culminant
dans la première moitié des années 70. Entre 1960 et 1973,
l'économie suisse a connu une croissance moyenne de plus de 4 % par an.
Les grandes entreprises industrielles ont conquis des positions de pointe sur
les marchés mondiaux. Simultanément se développait un secteur
tertiaire orienté vers la concurrence. Les banques et assurances, avant
tout, réussirent à atteindre une position prédominante
mondiale. La croissance fut entretenue par une activité intense d'investissements,
une plus forte participation de la population indigène au marché
du travail et un afflux de main-d'oeuvre étrangère. Le niveau
et le standard de vie de la population ont fortement augmenté. Et les
pouvoirs publics pouvaient généreusement développer leur
infrastructure. En même temps, la croissance économique permit
la mise en place d'un réseau de sécurité sociale sans avoir
recours à d'apparents sacrifices. Le chômage était pratiquement
inexistant.
La première crise sérieuse depuis la Deuxième Guerre mondiale,
en 1975, fit pour la première fois prendre conscience des limites de
cette forte croissance. On se rendit compte qu'elle était surtout basée
sur une utilisation inconsidérée de l'énergie et sur le
gaspillage des réserves naturelles. Parallèlement se développa
une résistance envers l'immigration. Une fois cette crise maîtrisée,
des corrections fondamentales s'imposèrent: l'entrée de la main-d'oeuvre
étrangère fut limitée et la protection de l'environnement
devint une priorité. Entre 1974 et 1990, la croissance moyenne ne s'éleva
plus qu'à env. 2 %. Durant ces années, la Suisse put cependant
conserver son haut niveau de vie et même en partie l'améliorer.
A la fin des années 80, le marché du travail était à
nouveau asséché, l'afflux de travailleurs étrangers était
élevé et les prix de l'immobilier s'envolaient.
Mais ces succès économiques ne se sont pas répétés
dans les années 90. L'économie suisse est pratiquement restée
dans un état de stagnation depuis 1990. Tenant compte de la croissance
réelle, la Suisse occupe parmi les pays industrialisés avec écart
la dernière place. Le chômage augmenta spectaculairement pour dépasser
fin 1996 la barre des 5 %. Le secteur immobilier ne sort pas de la crise depuis
des années. L'économie publique présente un besoin urgent
d'assainissement se comptant en milliards. Un léger rétablissement
en 1994 se révéla être un feu de paille, car entre temps
le cours du franc suisse avait atteint une surévaluation frappante, ce
qui mettait sensiblement en question la compétitivité de l'économie
sur les marchés internationaux. Ce préjudice des capacités
concurrentielles semble s'accroître encore par l'absence de la Suisse
de l'UE. Avec la correction partielle de la surévaluation du franc suisse
et le rétablissement conjoncturel croissant dans les pays voisins, on
constate aussi en Suisse une certaine reprise. Pour 1998 on attend une croissance
de 1,75 %. Le chômage par contre restera à un niveau élevé.
État et économie: des partenaires
L'économie suisse repose sur le Principe de la libre entreprise. Les
libertés de commerce et de l'industrie sont garanties par la Constitution
fédérale dès 1874.
Depuis lors, des articles «économiques» datant de 1947 et,
plus tard, des articles «conjoncturels» sont venus tempérer
quelque peu ce libéralisme: l'État peut intervenir si l'intérêt
général le justifie. Et le Conseil fédéral a dû,
à plusieurs reprises, prendre des mesures dirigistes en vertu du «droit
d'urgence» (surveillance des prix et des salaires ou limitation de la
construction publique, par exemple). Néanmoins, cet interventionnisme
de l'État reste limité au minimum.
L'État participe également aux relations commerciales et économiques
en influant sur le climat dans lequel évoluent les importations et les
exportations. Selon la Constitution, seule la Confédération a
le droit de conclure des accords douaniers et commerciaux avec l'étranger.
Dans ce domaine, ses représentants défendent toujours une politique
de réduction des taux douaniers et un régime d'importation libéral,
restant opposés à tout protectionnisme. Il existe dans le cadre
de l'Union Européenne (UE) un espace économique qui compte env.
300 mio de personnes.
Lors des votations du 6 décembre 1992, le peuple et les cantons ont cependant
dit non à l'adhésion à l'Espace Économique Européen
(EEE), si bien qu'il faut dès lors faire cavalier seul - et ceci bien
que les principaux partenaires commerciaux de la Suisse se trouvent dans l'EEE.
Les tractations avec l'UE se révèlent extrêmement difficiles
et longues. Un pas supplémentaire pour l'intégration dans l'Europe
fut réalisé début 1995 avec l'introduction de la TVA. Une
série de mesures, pour renouveler l'économie du marché
dans le but d'augmenter la flexibilité et la compétitivité
de l'économie, fut décidée en 1995 par les Chambres fédérales.
Législation sociale efficace
Les conditions de vie des travailleurs ont aussi obligé l'État
à se préoccuper tôt de leur sécurité sociale.
C'est ainsi qu'est née toute une législation: «Loi fédérale
sur les fabriques» de 1877, qui interdisait notamment d'embaucher des
enfants de moins de 14 ans, «Loi sur l'assurance maladie et accidents»,
dont les premières bases ont été jetées en 1890
déjà, «Loi fédérale sur le travail»
en 1964 ou encore «Loi sur l'assurance vieillesse et survivants»
(AVS), adoptée en 1948. Et c'est en 1972 qu'a été introduit
dans la Constitution fédérale le principe dit «des trois
piliers» . Le premier «pilier» est l'AVS légale dont
les rentes, destinées à subvenir aux besoins essentiels, bénéficient
d'un réajustement périodique qui compense au minimum l'augmentation
du coût de la vie. Le deuxième «pilier» est constitué
par les caisses de prévoyance de l'employeur en faveur du personnel.
Également obligatoire depuis 1985, il doit -avec les prestations de l'AVS-
assurer le niveau de vie habituel; le troisième «pilier»,
fiscalement privilégié, est basé sur l'épargne volontaire
(livrets d'épargne, assurances-vie). Dans un autre domaine, nous citerons
ici un article inscrit depuis juin 1981 dans la Constitution et qui prévoit
notamment qu'à travail égal, hommes et femmes doivent recevoir
un salaire égal.
La «Paix du travail»
La Suisse est l'un des pays où la durée du travail est la plus
longue: la population active fournit bel et bien 1800 heures de travail par
an et par tête. Les intérêts des salariés sont bien
garantis. En 1937 on conclut pour la première fois entre syndicats et
patronat la remarquable «paix du travail», obligeant les deux parties
à renoncer en cas de conflits à la grève resp. au lock-out
et - si aucune entente ne peut être atteinte - d'avoir recours à
un médiateur. Il existe aujourd'hui env. 1200 contrats collectifs qui
régissent les 50 % des conditions de travail dans l'industrie privée.
Agriculture
Agriculture multifonctionnelle :son importance dans l'économie publique
Dans une économie très développée et axée
sur la division du travail, l'agriculture est très liée aux autres
branches économiques et à l'étranger. Outre les interdépendances
du marché qui se créent avec des secteurs non agricoles, d'étroites
relations se tissent également avec d'autres entreprises et institutions,
telles que par exemple dans la formation de base et continue, la recherche élémentaire
ou appliquée, les consultations et les informations.
Comparées au produit intérieur brut (PIB), tout comme au nombre
des actifs, les parts du secteurs agricole ont fortement régressé
ces dernières décennies. Cette évolution est typique dans
presque toutes les économies nationales modernes. Les prestations effectives
fournies par l'agriculture ne sont cependant que insuffisamment reflétées
avec ces parts, car, outre sa tâche de produire les bases alimentaires,
elle remplit différentes autres fonctions (multifonction) que la société
lui demande. Avec ses activités couvrant toute la surface rurale, l'agriculture
exploite et entretient environ la moitié du territoire suisse, et marque
ainsi dans une large mesure la physionomie de notre paysage. Elle - entretient
les espaces cultivés, préserve les bases naturelles vitales, et
contribue par sa production non seulement à assurer l'approvisionnement
nutritionnel de la population, mais aussi à la colonisation décentralisée
et à la vie économique, sociale et culturelle dans l'espace rural.
L'agriculture de montagne avec ses régions traditionnelles d'alpage et
de transhumance conserve aussi son importance en Suisse.
La structure agricole et son évolution
L'analyse de la structure agraire fait ressortir le nombre des exploitations,
leurs dimensions, la main-d'oeuvre occupée dans les entreprises, la répartition
des cheptels, l'équipement technique, etc. Il est intéressant
d'observer l'évolution des différents paramètres sur une
certaine période - elle fait apparaître les modifications structurelles
dans l'agriculture.
L'exploitation familale paysanne est l'entreprise agricole la plus répandue
en Suisse. C'est elle qui sert de modèle et qui se trouve au centre de
l'élaboration des mesures de politique agricole. Les éléments
déterminants de cette forme d'organisation sont - outre la main-d'oeuvre
familiale - l'exploitation du sol, l'entité de la propriété,
des biens et de l'exploitation, ainsi que la situation confondue entre place
de travail et habitation.
Production et degré d'autarcie
Les fulgurants progrès techniques, biologiques et organisationnels des
derniers 40 ans ont permis un énorme accroissement des rendements et
de la productivité par unité de surface, tête de bétail
et main-d'oeuvre. Ainsi, la production agricole put pratiquement être
doublée pendant cette période. La valeur productive agricole (production
finale) accusa en 1997 environ 8,0 mrd de francs. L'importante part de l'élevage
(69%) s'explique par les conditions naturelles de production (climat, sols,
topographie, altitude etc.). Les trois quarts de toute la surface agricole utile
ne servent qu'à produire des fourrages pour l'élevage (avant tout
pour la production laitière). L'agriculture de montagne, mais surtout
celle des alpages aux pâturages d'été, vit presque exclusivement
de l'élevage bovin.
L'évolution de la production, d'une part, et le ralentissement de l'augmentation
de la demande, d'autre part, ont conduit ces dernières décennies
à une amélioration du degré d'autarcie. Mesurées
en énergie, les denrées alimentaires indigènes assurent
environ 63% des besoins bruts
Politique agricole - une vaste réforme est en cours
Avec le septième rapport sur l'agriculture 1992, le Conseil fédéral
a engagé une vaste réorientation de la politique agraire, qui
doit tenir compte des changements profonds dans les secteurs touchant l'agriculture
en Suisse comme à l'étranger. Une première étape
a vu l'introduction de paiements directs indépendants de la production.
Ils permettent, d'une part, de séparer la politique des prix et des revenus
et, d'autre part, de rétribuer les prestations fournies par l'agriculture.
Le 9 juin 1996, le peuple et les cantons ont, à une grande majorité,
accepté l'introduction d'un nouvel article agricole spécifique
dans la Constitution. Ce dernier sert de base pour la deuxième étape
de la réforme agraire, qui prévoit sous le nom «politique
agraire 2002» e.a. une révision totale de l'ancienne loi sur l'agriculture
datant de 1951. Les débats parlementaires à ce sujet se termineront
en 1995. Au centre se situe le renouvellement de l'économie du marché
pour l'amélioration de la compétitivité de l'ensemble du
secteur alimentaire. En même temps, la rentabilité de l'exploitation
doit être développée et assurée. Les instruments
de la politique agraire se répartissent grosso modo en quatre groupes
de mesures: 1. recherche, formation et conseils; 2. amélioration des
bases de production; 3. garanties des prix et de l'écoulement; 4. paiements
directs et mesures sociales. Aujourd'hui, ce sont les paiements directs qui,
avec env. 60%, représentent la plus grande part des dépenses pour
l'agriculture. Le budget pour 1998 prévoit env. 4,2 mrd de francs de
dépenses fédérales pour l'agriculture et l'alimentation,
ce qui correspond à 9% du total des dépenses.
L'économie forestière
La forêt constitue l'habitat initial de nombreuses espèces animales
et végétales: de plus en plus, l'homme lui impose ses exigences.
Depuis des siècles, elle lui fournit le bois, matière première
et source d'énergie sans cesse renouvelées. Par la suite, l'importance
de la forêt, protection contre les avalanches, les inondations, l'érosion,
les glissements de terrain et les chutes de pierres a été reconnue.
Depuis 1993 la Suisse dispose d'une nouvelle législation sur la forêt
qui doit garantir le maintien des surfaces boisées et leurs multiples
fonctions. La sauvegarde et le développement de forêts saines et
résistantes constituent désormais les objectifs de la politique
forestière suisse. L'interdiction formelle de déboiser et l'obligation
de remplacement, même si une autorisation de défrichement a été
accordée, s'opposent au morcellement et à la réduction
des surfaces boisées. Une exploitation appropriée et un entretien
proche du processus naturel assureront l'équilibre à long terme
du milieu forestier.
D'importantes contributions du Gouvernement fédéral et les subventions
cantonales favoriseront la reforestation, l'entretien et les soins culturaux,
la protection des forêts, les travaux de correction et la construction
de routes. La Confédération finance la formation de spécialistes
et la recherche. Actuellement, les dommages causés aux forêts font
de la recherche un élément d'une extrême importance. Il
faut voir dans le même contexte le premier inventaire forestier suisse
(1982-1986) de l'Institut fédéral de recherches sur la forêt,
la neige et le paysage, qui permet pour la première fois une comparaison
des surfaces et de l'état forestier à l'échelle du pays
et selon des critères unifiés. Sa mise à jour est en cours
et sera déterminant pour l'inventoriage de l'actuel état des forêts.
La production avec ménagement de bois est encouragée là
où pousse un bon bois d'oeuvre: près de 7 millions de m3 de bois
de construction sont disponibles chaque année, dont env. 4,5 millions
de m3 seulement sont valorisés. En outre, les quelque 90000 places de
travail que l'économie forestière et du bois -professions assimilées
comprises- met à disposition avant tout dans les régions rurales
ne sont pas à négliger.
Artisanat et industrie: la qualité d'abord !
L'industrie des machines, de l'électricité et des métaux
L'industrie suisse des machines, de l'électricité et des métaux
se taille la part du lion dans l'économie nationale et dans l'industrie
d'exportation (en moyenne 45 % du total des exportations). Elle reste aussi
le principal employeur avec près de la moitié de tous les travailleurs
de l'industrie.
Son univers? De l'infiniment grand à l'infiniment petit... De la balance
d'analyse mesurant le dix millionième de gramme à la locomotive,
des machines suisses - sur toute la planète - laminent, filent, tissent,
fraisent, poncent, percent ou tournent, moulent le grain, mesurent ou règlent,
pilotent, contrôlent, connectent, créent la force, pompent ou fauchent!
En fait, l'industrie des machines est née d'abord des besoins de l'industrie
textile; le passage du travail manuel à la production mécanisée
dans les filatures et les ateliers de tissage a exigé le développement
de ce secteur sur place. A la fin du XVIIle siècle pourtant, vouloir
concurrencer la suprématie de l'Angleterre dans le domaine textile était
une sérieuse gageure, d'autant plus que les Anglais gardaient jalousement
leurs machines et leurs hommes de métier...
Aujourd'hui, le retard est bel et bien rattrapé puisque, si l'on considère
la valeur d'exportation, l'industrie suisse des balances ou des machines textiles
se place au 3e rang mondial. Si l'on ajoute à ces dernières aussi
les filiales suisses à l'étranger, la Suisse est aujourd'hui même
le plus grand producteur mondial de machines textiles.
Mais d'autres éléments ont donné une impulsion décisive
au secteur des machines, par exemple: l'apparition du chemin de fer, la navigation
maritime à moteur ou encore les techniques de l'exploitation de l'électricité
à la fin du XIXe siècle, qui ont rendu possible la transformation
de la force hydraulique en courant électrique.
Dans l'histoire de la production d'énergie, l'industrie suisse a pu mettre
environ quatre-vingts «premières» à son actif, qui
sont autant de points de repères dans l'histoire des techniques: par
exemple, la turbo génératrice (1898), le chemin de fer électrique
à crémaillère du Salève (Genève 1890), la
turbo-pompe (1930), la centrale de turbines à gaz (1978)... L'industrie
suisse des machines, de l'électricité et des métaux se
distingue aujourd'hui par l'extrême diversité de ses produits et
de ses services. Le dénominateur commun reste une production de haute
qualité adaptée dans une large mesure aux besoins des clients.
Dans ce but, les entreprises investissent une part importante de leur chiffre
d'affaires dans la recherche et le développement.
L'industrie chimique et pharmaceutique
L'industrie chimique et pharmaceutique a une double ascendance: le secteur des
colorants, né lui-même de l'industrie indigène de la soie
et du textile.
Aujourd'hui implantée avant tout dans la région bâloise,
elle s'est hissée au premier rang Lies producteurs de spécialités
pharmaceutiques.
Pourtant, l'industrie chimique se heurte, elle aussi, au problème des
matières premières. Elle doit importer l'essentiel des matières
de base et des produits intermédiaires qui lui sont nécessaires.
La chimie est aussi la première industrie à avoir créé
des filiales à l'étranger et «internationalisé»
sa production. Ceci d'abord pour échapper aux mesures protectionnistes
de certains États, à la fin de la Première Guerre mondiale
déjà, en fabriquant les médicaments dans le pays où
il y a des restrictions à l'importation. D'autres raisons se sont bientôt
ajoutées à celles-là, comme le manque de main-d'oeuvre
en Suisse, la dépréciation monétaire due aux changes, et
le fait que les pays où s'installent ces industries exigent de plus en
plus souvent qu'elles ne se bornent pas à produire sur leur territoire,
mais qu'elles y poursuivent aussi un travail de recherche qui profite, directement
ou indirectement, à d'autres de leurs secteurs économiques.
Pour toutes ces raisons, ce mouvement de décentralisation et d'«internationalisation»
s'intensifie. Les centres de décision sont toutefois restés en
Suisse. mais, si l'industrie chimique et pharmaceutique garde une place de choix
face à la concurrence étrangère, elle le doit, d'une part,
aux moyens considérables investis constamment dans la recherche de nouvelles
substances actives et, d'autre part, au développement de nouveaux produits.
Une part importante des employés de la chimie suisse travaille dans ce
domaine, et les entreprises de la branche pharmaceutique y consacrent jusqu'à
20% de leur chiffre d'affaires. Cette forte proportion s'explique aisément
si l'on sait que la mise au point d'un médicament - ce secteur représente
environ la moitié de la production de l'industrie chimique - demande
l'étude de 8000 à 10000 agents chimiques et que, si le produit
est utilisable, il s'écoulera encore 10 à 12 ans avant que la
substance découverte ne soit commercialisée...
L'industrie suisse des colorants se place également aux premiers rangs
mondiaux. Son programme comprend des produits de haute qualité intéressant
pratiquement tous les champs d'application : ennoblissement des textiles (teinture
et impression), industries du cuir, du papier, des laques et des vernis, des
arts graphiques, du bâtiment. Quant au secteur des essences de parfum
et des substances aromatiques alimentaires, il est surtout représenté
par deux firmes genevoises qui forment le plus important centre mondial de ce
type d'industrie. Ces deux producteurs interviennent pratiquement sur tous les
marchés mondiaux de la parfumerie. Là aussi, leur force réside
dans la qualité de la recherche et dans l'originalité des créations.
Mentionnons également l'agrochimie.
La chimie suisse a conquis le premier rang à l'échelle mondiale
dans ce domaine essentiel pour l'alimentation de la population du globe et,
notamment, dans la fabrication des produits phytosanitaires.
L'industrie horlogère
Conquête de l'espace ou grandes compétitions sportives - là
où le temps se mesure en millièmes de seconde - c'est aux montres
et aux chronomètres suisses que l'on fait confiance! Et cette réputation
n'est pas née du hasard, mais de la rencontre de l'esprit d'invention
des horlogers suisses et de leur sens du travail bien fait. Ce sont les réfugiés
huguenots qui, à la fin du XVIe siècle, ont amené les connaissances
techniques décisives pour le développement de l'horlogerie. Genève
abrita la première corporation d'horlogers de l'histoire, au début
du XVIIe siècle, puis cette branche se développa surtout le long
de la chaîne du Jura, de Genève à Schaffhouse.
En 1845, on réalise les premières machines capables de produire
des pièces en tous points pareilles: voilà créé
le principe d'interchangeabilité, muant d'un coup l'artisanat en industrie.
Dans ce processus de mécanisation, les Suisses vont exceller au point
de dépasser tous leurs concurrents et ils domineront le marché
mondial pendant plus d'un siècle.
La progression a été extrêmement rapide et la vocation exportatrice
de l'horlogerie suisse est devenue une tradition de poids. Sur quelque 170 millions
de montres et de mouvements fabriqués chaque année, 95% vont à
l'exportation.
Le succès de l'horlogerie suisse s'explique par trois facteurs: la qualité
du produit, les perfectionnements constants qui lui sont apportés et,
enfin, la mise en place d'un service après-vente.
Les grandes "premières" dans le domaine horloger, sont presque
toutes venues de ce petit pays, devenu le symbole du «garde-temps».
Les fabricants ont compris l'importance d'un regroupement des forces dans les
secteurs de la recherche, ce qui s'est concrétisé d'abord par
la création du Laboratoire suisse de recherches horlogères (1921)
et par le Centre électronique horloger (1962), depuis 1983: CSEM - Centre
suisse d'électronique et de microtechnique SA, avec siège à
Neuchâtel. C'est dans ce dernier centre qu'est née, entre autres,
la première montre à quartz du monde, en 1967. Depuis lors, et
à Neuchâtel toujours, a été créé le
Centre suisse d'électronique et de microtechnique - nouveau palier dans
le programme de recherche et de développement.
Mais, depuis 1967, l'horlogerie helvétique a été à
la base de chaque développement de la montre à quartz: affichages
numériques par cristaux liquides ou par électrochromie, quartz
à haute fréquence, double affichage analogique-numérique,
montres à senseur optique, affichages dichroïques transformant l'ensemble
du cadran en «écran électronique» tout en préservant
l'apparence élégante de la montre analogique à aiguilles.
A cette énumération forcément incomplète, ajoutons
encore la montre la plus mince du monde, d'une épaisseur totale de 0,98
mm et le premier prototype d'une montre répondant à la voix humaine.
L'une des forces de l'horlogerie suisse a toujours été l'excellence
du service après-vente. C'est un atout indiscutable pour une industrie
fabriquant des produits de haute qualité, incorporant des techniques
avancées. Les horlogers suisses ont toujours pris soin d'organiser et
d'apporter leur appui à la formation technique à l'étranger.
En outre, des centres de réparation ont été implantés
dans plusieurs pays et, en Suisse, des ateliers de perfectionnement accueillent
des horlogers de tout le globe.
Sur le plan économique, la récession du milieu des années
70 et l'avènement de la montre à quartz (aujourd'hui en nombre
de pièces 90 % et en valeur 53% des exportations) ont imposé d'importantes
restructurations, entraînant une forte réduction de personnel.
La montre à quartz nécessite en effet un nombre de pièces
détachées (composants) nettement inférieur à celles
utilisées dans la montre mécanique, et l'assemblage est souvent
automatisé. Les efforts de rationalisation et de standardisation ont
porté leurs fruits: depuis 1984, en particulier les exportations de montres
à bas prix et de pièces d'horlogerie ont sans cesse fortement
augmenté, notamment dans la catégorie plastique. Actuellement,
ce dernier marché s'est cependant stabilisé. Les montres suisses
de haut de gamme (souvent munies de mouvements mécaniques) n'ont pratiquement
jamais souffert de la conjoncture et représentent la quasi-totalité
des ventes mondiales à cet échelon.
Industrie du textile et de l'habillement - petite mais bien
Avec ses quelque 20000 employés, l'industrie textile et de l'habillement
suisse est, à l'échelle internationale, certes très petite,
mais néanmoins la quatrième industrie d'exportation du pays. Elle
est très performante, très innovatrice et créative et se
distingue par sa qualité exceptionnelle, sa diversité et ses nouvelles
spécialités créées sans cesse. C'est un fait, les
fabricants du textile furent en Suisse les précurseurs du développement
industriel, et sur cette souche prirent alors racine les industries des machines
textiles resp. celles des machines, ainsi que l'industrie chimique. Les centres
de la fabrication préindustrielle des textiles se trouvaient dans la
région de Zurich (soie au XIIIe-XVe s.), Fribourg (tissu, même
époque) et St-Gall (lin, plus tard coton). La base artisanale initiale
de l'industrie à domicile s'est transférée dans les vastes
régions décentralisées de l'industrie textile du nord-est
de la Suisse. L'industrie de l'habillement est surtout implantée au Tessin.
Les tissus et broderies dernier cri de l'industrie suisse des textiles pour
la haute couture internationale sont mondialement Prises. Mais les robes de
rêve en tissus suisses jouissent d'une renommée mondiale. Les textiles
de confection représentent env. 50 % de l'éventail, les textiles
domestiques env. 30% et les textiles techniques env. 20 %. Les textiles techniques
expansibles trouvent leur utilité dans différents secteurs, comme
p.ex. dans les industries de l'automobile et de l'aéronautique, dans
l'aménagement du territoire, la médecine, le sport et la protection
de l'environnement. Dans l'industrie de l'habillement, plus de la moitié
de la production va aux tissus de confection pour dames et messieurs, sans oublier
le domaine des sous-vêtements.
Environ 80%, ou 3,5 mrd de francs, de la production des textiles et de l'habillement
sont exportés. L'économie suisse des textiles et de l'habillement
est dépendante des marchés ouverts. En Europe, ce sont les contrats
de libre échange avec l'UE, tout comme les arrangements paneuropéens
avec l'Europe de l'Est, entrés en vigueur en 1997, qui assurent le libre
accès aux marchés. Dans d'autres pays, avant tout dans les principaux
pays seuil, de gros obstacles douaniers et d'importation subsistent encore,
bien que la Suisse n'oppose à ces pays aucune limitation commerciale
et ne perçoit que de modestes droits de douane. L'industrie suisse du
textile et de l'habillement doit compenser les désavantages du lieu de
production (salaires élevés, monnaie. forte) en dénichant
des créneaux et en profitant de structures organisationnelles efficaces,
tout comme de sa créativité et d'une qualité exceptionnelle.
C'est grâce à l'amélioration des conditions cadre que l'industrie
suisse du textile et de l'habillement peut entrevoir a nouveau l'avenir avec
optimisme.
Energie:
le choix d'une politique
Pour maintenir sa capacité économique et la prospérité
générale, un pays doit pouvoir compter sur un approvisionnement
en énergie sûr, à long terme. La politique de l'énergie
vise donc à garantir une utilisation rationnelle de l'énergie,
à diminuer la dépendance face au pétrole, de même
qu'à répartir de façon optimale le recours aux diverses
sources d'énergie (diversification).
Le pétrole
Comme partout ailleurs, c'est la «crise du pétrole», en 1973,
qui a rappelé brutalement la fragilité de l'approvisionnement
des pays qui ne possèdent pas de gisement. La Suisse n'échappe
pas à cette dépendance. Si, en 1950, la part des produits pétroliers
représentait les 24 % de la consommation d'énergie, elle a avoisiné
les 80 % au cours des années 70 pour redescendre jusqu'en 1996 à
60,7%.
Le pays ne possédant aucun gisement de pétrole, ce combustible
est entièrement importé, sous forme des produits raffinés
(les deux tiers environ) ou de pétrole brut. Ce sont les raffineries
de Cressier (canton de Neuchâtel) et de Collombey (canton du Valais) qui
se chargent de transformer ce dernier en produits finis, notamment en carburants
pour moteurs (49%) et en huiles de chauffage (50%). L'usine de craquage de Sennwald
(raffinerie du Rheintal) est également active dans ce dernier secteur.
Pour alimenter ces raffineries, il a fallu construire des canalisations raccordées
aux oléoducs européens.
Energie électrique et forces hydrauliques
Il y a pourtant un secteur, en Suisse, qui n'a pas eu à souffrir dans
les années 70 de la pénurie des produits pétroliers: c'est
celui de la production d'électricité. Une seine centrale thermique
importante, celle de Chavalon (canton du Valais), fonctionne au fioul. Jusqu'à
la mise en service en 1969 de la première centrale nucléaire,
la production de courant électrique - aujourd'hui bien centenaire-reposait
presqu'à 100% sur les forces hydrauliques. A l'heure actuelle, elles
assurent les 57% de la production d'électricité, avec 490 centrales
importantes (d'une puissance maximale possible d'au moins 300 kW et une puissance:
totale de 11,9 millions de kilowatts).
Le gaz
Depuis l'introduction du gaz naturel en Suisse, la consommation a régulièrement
progressé. Le système de distribution est raccordé aux
grands réseaux européens. Parmi les sept voies d'importation figure
celle du gazoduc international reliant la Hollande à l'Italie, qui traverse
le pays du nord au sud sur 164 kilomètres.
En 1972, la part du gaz ne représentait encore que le 1,4 % de la consommation
globale d'énergie; en 1996, elle s'élevait déjà
à plus de 12,5% (non compris le gaz nécessaire à la production
de courant et dans les usines de chauffage à distance). Elle a donc plus
que doublé en dix ans. Depuis des années déjà, le
gaz naturel représente, en importance, la troisième source d'énergie
de la Suisse.
Les nouvelles énergies renouvelables
Avec le lancement du programme d'action Énergie 2000, fin 1990, on renforça
l'engagement à trouver des énergies renouvelables; but jusqu'à
l'an 2000:3 % de la production thermique et 0,5 % de l'électricité
par de nouvelles énergies renouvelables, en outre 5 % d'électricité
supplémentaire avec les forces hydrauliques. Jusqu'à fin 1996,
déjà env. 46% (6383 GWh) de l'objectif thermique et 64% (599 GWh)
de celui de l'électricité de ce programme d'action furent atteints.
Les plus grands apports en énergie thermique renouvelable entre 1990
et 1996 furent fournis par différentes sortes de bois (53%), les pompes
à chaleur (19%) et la biomasse dans les fours d'incinération (17%).
Pour l'augmentation de la production d'électricité avec des énergies
renouvelables, l'exploitation des biomasses dans les fours d'incinération
et celle des biogaz fournirent les plus grandes contributions (66 % resp. 25
% ).
L'énergie nucléaire
Le potentiel hydroélectrique suisse arrivait dans les années 60
aux limites de ses possibilités. C'est à cette époque que
les autorités fédérales ont donné le feu vert pour
la construction des trois premières usines nucléaires. Fin 1995,
les cinq centrales suivantes étaient en service: Beznau 1 et II (Argovie),
Mühleberg (Berne), Gösgen (Soleure), Leibstadt (Argovie). La part
de l'énergie nucléaire en 1996 de la production suisse en électricité
se montait à 43,0%; la production annuelle assurait au total 23,7 mrd
kWh, et la puissance totale se monte à 3077 MW.
La politique énergétique suisse
L'introduction de l'article sur l'énergie dans la Constitution fédérale
(1990) et le moratoire de dix ans sur la construction des usines nucléaires
(initiative 1990), d'une part, le refus de l'initiative pour l'abandon de l'énergie
nucléaire, d'autre part, signifient que l'avenir de l'énergie
nucléaire reste ouvert au moins jusqu'en septembre 2000. Actuellement,
la loi sur l'énergie est débattue au Parlement, loi qui devrait
créer les bases légales pour l'approvisionnement en énergie
économique et écologique, pour son utilisation parcimonieuse et
rationnelle, ainsi que pour l'exploitation des énergies indigènes
et renouvelables. De plus, on étudie les initiatives sur les énergies
solaire et douce. La première demande l'introduction d'une redevance
spécifique (centime solaire) sur les énergies non renouvelables
pour promouvoir l'énergie solaire et le rendement énergétique;
la deuxième devrait stabiliser dans un délai de 8 ans, et ensuite
réduire de 1 % par an, la consommation des énergies non renouvelables,
avant tout par une taxe directive sur les énergies fossiles et sur l'électricité
produite par les grandes centrales hydroélectriques. En outre, le Parlement
s'occupe de la loi sur la réduction du C02 qui prévoit, selon
les propositions, une réduction des émissions de C02 de 10 % jusqu'en
2010. Au cas où ce but ne serait pas atteint, le Conseil fédéral
pourrait alors introduire une taxe directive sur les émissions de CO2.
Les services
Dès la fin du siècle dernier, la Suisse a vu se développer
en ses frontières tout un secteur d'activités de services. Parmi
celles-ci, banques, assurances et réassurances ont trouvé un terreau
de choix dans ce pays où, plus qu'ailleurs, tout a toujours dû
être gagné au prix d'un gros effort et où l'acheminement
des marchandises - pour le marché interne, l'exportation ou le transit-
revêtait un aspect primordial. Assurer l'acquis, faire échec aux
risques: sécurité et épargne étaient d'emblée
destinées à faire une belle carrière dans ce pays.
Les banques
Solidement ancré dans la population, l'esprit d'épargne et l'aisance
matérielle qui lui est liée, les fortes imbrications avec l'étranger,
une stabilité politique et monétaire étonnante et une longue
expérience des opérations financières ont fini par tisser
en Suisse un réseau de banque d'une exceptionnelle densité, comptant
3543 établissements bancaires dans le pays.
Et, dans la mesure où l'économie connaît une expansion marquée
autant à l'intérieur qu'à l'extérieur des frontières
nationales, l'expérience des établissements bancaires helvétiques
et le fait qu'ils soient représentés un peu partout dans le monde
facilitent le financement des industries suisses et leurs transactions avec
leurs partenaires étrangers.
La stabilité politique, économique et sociale du pays, ainsi que
sa neutralité, mais aussi le «secret bancaire» tel qu'il
est conçu en Suisse, ont attiré l'attention d'étrangers
qui, pour des raisons diverses, préfèrent placer leur argent en
Suisse. Ce «secret bancaire» suisse n'est cependant pas du tout
absolu - il peut être levé en cas de procédure pénale.
Il doit être vu dans le contexte législatif suisse qui tend à
restreindre autant que possible son utilisation à des fins abusives.
D'autre part, cette intense activité des grandes banques fait parfois
oublier qu'en Suisse les banques d'État sont fortement représentées.
La Banque Nationale Suisse tient le rôle de banque centrale. Selon l'article
39 de la Constitution, son devoir est de «réguler les mouvements
monétaires au plan national, faciliter les opérations de paiement
et mener une politique monétaire et de crédit servant les intérêts
généraux du pays». Les banques cantonales sont des banques
commerciales, 23 d'entre elles sur les 24 bénéficient d'une garantie
d'État.
Les assurances
Le fait que les Suisses font partie des populations les mieux assurées
du monde est devenu proverbial.
La Confédération attribue environ un quart de son budget à
des assurances sociales et autres.
224 sociétés privées ont l'autorisation d'exercer leurs
activités en Suisse. Parmi celles-ci, 27 sociétés pratiquent
la réassurance. Dans ce secteur, la Suisse occupe une position internationale
de premier rang et elle abrite le siège de la plus puissante compagnie
mondiale de la branche.
L'activité à l'étranger des compagnies d'assurance a une
conséquence directe très bénéfique pour la balance
suisse des revenus. En 1996, par exemple, elle lui a laissé une somme
de 1720 millions de francs.
Secteur des transports
La Suisse, passage obligé pour de nombreux itinéraires de transit,
pays industriel à forte densité de population, avec un taux de
motorisation très élevé (un véhicule pour trois
habitants) a saisi depuis longtemps la nécessité d'organiser ses
systèmes de transports de manière optimale. Et, d'abord, de faire
tomber les barrières qui, au sud, la séparaient de ses voisins...
Ainsi, les cols ont toujours été une composante importante de
cette politique. A l'époque romaine, les axes principaux de communication
étaient constitués par les routes franchissant les cols grisons
vers la Germanie, par le Grand-St-Bernard menant d'Italie en Gaule et, par la
liaison est-ouest, du lac de Constance au lac Léman. Une route a permis
le passage du St-Gothard dès le XIIe siècle. Une trentaine de
cols relient désormais le nord au sud; trois d'entre eux possèdent
une version «tunnel», le dernier en date étant celui du St-Gothard,
ouvert au trafic en 1980; d'une longueur de 17 km, il est le plus long tunnel
routier du monde.
Orchestrer les transports
Vers la fin des années 60, les autorités fédérales
ont senti la nécessité de refondre leur conception des transports.
Pour cela, on se devait d'étudier les problèmes dans leur ensemble
et c'est à quoi s'est attachée une commission fédérale
pendant près de dix ans. La conception qu'elle a établie comprend
quarante thèses touchant à la planification et à la politique
de ce secteur; les propositions concernent, entre autres, l'orientation que
pourrait être donnée à l'aménagement des réseaux
ferroviaires et routiers, dans un système où la position des transports
collectifs serait renforcée.
Il faut dire que la topographie très accidentée de la Suisse,
sa situation géographique, sa forte concentration de population sur le
Plateau, la nécessité de préserver des espaces suffisants
pour l'agriculture prennent réseaux routiers et autres voies de communication
dans un filet de contraintes très serré, vu l'exiguïté
du territoire... Sans compter qu'il est indispensable de ne léser ni
le patrimoine, ni le milieu naturel. Les préoccupations écologiques
sont, en effet, devenues un facteur dont il faut tenir compte de manière
croissante dans la conception, la réalisation et le fonctionnement du
système des transports. En 1960, le peuple suisse a approuvé la
construction d'un important réseau de routes nationales s'intégrant
dans celui des autoroutes européennes. En 2010, lorsqu'il sera terminé,
ce réseau aura 1855 km de long. Actuellement, il s'étend chaque
année d'une centaine de kilomètres.
Les chemins de fer
L'année 1997 était pour les chemins de fer suisses celle du jubilé
de leurs 150 ans d'existence. Quelques 500 manifestations ont donné l'occasion
d'accueillir pas moins de 2 millions de visiteuses et visiteurs. Le véritable
départ dans l'année commémorative fut donné le 5
mars sur la Place Fédérale à Berne, lorsque le président
de la Confédération, Arnold Koller, dévoila la locomotive
2000 du jubilé, entièrement chromée.
1998 sera pour les CFF, plus grande entreprise suisse de transports publics,
une année clé: 100 ans après que les citoyennes . et citoyens
suisses acceptèrent le rachat (étatisation) des cinq à
l'époque - lignes privées, les chemins de fer fédéraux
veulent se transformer en société anonyme de droit spécifique.
Une condition nécessaire pour la réalisation de cette réforme
consiste en la séparation des deux secteurs «trafic» et «infrastructure»
qui tiennent, chacun, leurs propres comptes de pertes et profits. Au printemps
1997, les CFF ont adapté leur organisation à cet objectif. Cette
démarche tient aussi compte de la stratégie de l'Union Européenne
(UE), qui veut ainsi rendre les chemins de fer européens à nouveau
plus compétitifs.
Elle prévoit, comme élément clé, depuis 1999, l'introduction
de «l'open access» en introduisant des péages pour l'utilisation
des tracés dans certains domaines du trafic. Des tiers pourront ainsi
utiliser le réseau des CFF (p.ex. trains privés). En contrepartie,
les CFF pourront également profiter de cette ouverture et offrir leurs
prestations ç d'autres propriétaires d'Infrastructures.
Pour que les CFF puissent jouer dans cette compétition le rôle
d'un concurrent valable il leur faut, outre la constitution d'une SA de droit
spécifique, réaliser aussi un désendettement partiel de
l'ordre de 12 mrd de francs.
Ainsi, après que les CFF eurent, il y a cent ans, franchi le pas de l'économie
privée à celle étatisée, ils orientent leur avenir
sur des voies fondamentalement opposées: retour à l'autonomie
partielle.
Parallèlement à cette réorganisation de l'entreprise, le
projet «Train 2000», approuvé par le peuple en 1987, progresse
rapidement. Avec les 58 wagons Intercity à deux ponts, et avec l'introduction
de l'horaire cadencé de 30 minutes sur cinq lignes à longue distance,
ce premier pas devint depuis juin 1997 un évènement tangible pour
les 750 000 clients quotidiens des CFF. La prochaine étape suivra en
1999 quand le tunnel lucernois de Gütsch jusqu'à présent
goulet d'étranglement entre la Suisse centrale et l'ouest du pays - sera
réaménagé et permettra ainsi à nouveau la circulation
directe des trains interrégionaux entre Lucerne et Genève. La
troisième étape sera réalisée deux ans plus tard
au pied du Jura, à temps pour l'Expo O1, avec le train pendulaire suisse.
Le projet aboutira ensuite en 2005 quand son élément principal,
le nouveau tracé de 47 km entre Mattstetten et Rothrist, sera mis en
service.
L'historique des chemins de fer suisses peut se résumer par d'autres
dates marquantes: ouverture du tunnel du Gothard en 1882, de celui du Simplon
en 1906, du Lötschberg en 1913, de la Furka en 1982; début des travaux
du tunnel de la Vereina en 1990; ouverture des liaisons directes avec les aéroports
Zurich-Kloten 1980 et Genève-Cointrin 1987, ainsi que l'introduction
de l'horaire cadencé en 1982. Les chemins de fer privés, avec
leur réseau de près de 2000 km, constituent une composante intégrante
de l'ensemble du système complexe des transports publics; ils sont très
importants pour le tourisme et se préparent également à
la nouvelle orientation déjà citée de «l'openaccess».
II ne faut cependant pas oublier de mentionner les nombreux téléphériques
(env. 750 km) et les télésièges, qui invitent à
visiter les montagnes panoramiques ou sommets alpins si nombreux en Suisse.
Navigation sur les lacs et les fleuves...
Difficile de s'imaginer le tourisme en Suisse sans bateaux sur les lacs et les
rivières; pendant la haute saison, les vieux vapeurs à aubes ont
la cote.
Le Rhin reste, comme auparavant, la seule liaison navigable avec la mer. La
navigation rhénane se -prête surtout au transport de marchandises
en vrac de toutes sortes, mais aussi de conteneurs. Une grande partie du commerce
extérieur suisse se déroule par les ports rhénans des deux
Bâle .
...et sur mer aussi!
Peu de gens s'imaginent qu'un pays comme la Suisse possède une marine
non négligeable. Avec ses 20 cargos, celle-ci figure au 671 rang sur
les 156 nations qui gèrent une flotte de haute mer et elle occupe même
le deuxième rang des pays sans littoral en comparaison du tonnage.
Là aussi, ce sont surtout les circonstances qui ont poussé la
Suisse à regarder vers le large, par-dessus ses montagnes. Nécessités
commerciales d'abord: il fallait à tout prix assurer l'approvisionnement
en produits indispensables d'outre-mer. Mais ce sont les dangers planant en
temps de guerre sur les bateaux étrangers, ainsi que les fréquentes
réductions de tonnage en période de crise, qui ont dicté
la création d'une charte de la navigation maritime; elle a permis celle
d'une flotte de haute mer sous pavillon suisse. Sa capacité actuelle
atteint 724173 t de port en lourd.
Le trafic aérien
Dans les années 30, à l'époque de la création de
la compagnie «Swissair» (SR; société mixte dans laquelle
les collectivités publiques participent au capital social à raison
de 20,7 %), des esprits chagrins affirmaient que les grands avions de lignes
intercontinentales ne viendraient jamais atterrir en Suisse...
Malheureusement pour eux, leurs prédictions pessimistes ne se sont guère
réalisées: non seulement la Suisse joue un rôle extrêmement
actif dans le trafic international avec ses aéroports nationaux de Zurich,
Genève et Bâle - tous trois de plus en plus performants -, SAirGroup
avec un effectif global de plus de 40000 personnes fait partie des plus grandes
compagnies aériennes du monde. Le trafic aérien contribue notamment
au bon fonctionnement et au succès de l'économie suisse. Mentionnons
encore finalement les lignes intérieures desservies par Crossair ainsi
que le trafic charter de TEA, Balair/CTA et Crossair.
La Poste
Depuis la réalisation de la réforme des PTT au 1er janvier 1998,
la poste se concentre - séparée de Swisscom - en tant qu'entreprise
indépendante sur son marché spécifique. La Confédération
en est propriétaire. Exécutants directs de cette dernière,
les 38 000 employés assurent dans le pays entier l'acheminement des biens
confiés à la poste. La poste est subdivisée en huit secteurs
commerciaux responsables chacun de la rentabilité: lettres, colis, poste
internationale, envois express, timbres/philatélie, poste finance (opérations
financières), cars postaux ainsi que bureaux postaux et vente. Des arrondissements
de fonctionnalité et de service appuient l'entreprise, et la décentralisation
en régions opérationnelles assure un déroulement efficace.
Performances en chiffres: plus de 15 mio de lettres, 600 000 colis et presque
4 mio de journaux et de revues par jour, 90 mio de passagers des cars postaux
(77 mio de km) par an, impression de 760 mio de timbres par an, 1,7 mio de comptes
de chèques postaux avec plus de 613 mio de mouvements annuels. La poste
suisse représente sans aucun doute un des plus importants facteurs pour
le bon fonctionnement de l'économie et de la société.
Swisscom
Depuis le 1er janv. 1998, Swisscom, issue des Télécom PTT, est
une société anonyme où l'État est actionnaire majoritaire.
Profondément restructurée, Swisscom est une entreprise de service
moderne qui devrait en outre être cotée en bourse en 1998. Le chiffre
d'affaires de cette plus grande entreprise suisse de télécommunications,
ouverte à la libre concurrence, se monte à env. 10 mrd de francs,
chiffre réalisé par ses 21 000 employés. Swisscom exploite
dans toute la Suisse un dense réseau vocal, mobile et de données,
et assure des communications optimales par satellite, ainsi que la retransmission
d'émissions radiophoniques et télévisées. Elle entretient
près de 5 mio de raccordements de téléphone, Natel, données
et RNIS. Le réseau de base de Swisscom est entièrement digitalisé;
le réseau de fibres optiques dépasse 430 000 km. Avec des produits
innovants et des prestations de service, p.ex. dans les domaines de la communication
mobile ou Internet, Swisscom entend rester le numéro un de la branche.