" Lorsque l’un de nos cadres s’apprête à partir
à l’étranger prendre la tête d’une filiale, je
lui demande de faire très attention à la façon dont il sera
perçu par le personnel. Pour illustrer mon propos, je lui demande simplement
d’imaginer l’arrivée d’une voiture avec une plaque blanche
à l’entrée d’une petite usine française et l’effet
que produirait le discours d’un inconnu s’exprimant avec un fort accent
et commençant par déclarer : " Vos méthodes de travail
sont mauvaises, à partir d’aujourd’hui on change tout. "
Je ne donne pas trois jours à ce patron avant que le personnel ne lui savonne
les escaliers. Il nous faut toujours agir avec simplicité et humilité
lorsque l’on reprend une entreprise étrangère, qu’elle
soit portugaise ou britannique. Il ne faut pas arriver en conquérants,
au risque d’être considérés comme des occupants. "
Bernard Streit, le PDG d’HBS Technologie, est extrêmement sensible
à la qualité des relations humaines au sein de son groupe. Adepte
de la promotion interne et de la délégation de responsabilité,
ce patron atypique croit dur comme fer à la force de la culture d’entreprise.
C’est la raison pour laquelle il s’appuie toujours sur un cadre de
la maison, " sur quelqu’un du sérail ", pour prendre les
rênes d’une filiale étrangère. A l’heureux élu
ensuite de faire ses preuves et de montrer qu’un Français expatrié
peut parvenir en douceur à convertir le personnel aux techniques de management
éprouvées dans l’hexagone.
" Nous avons racheté Truesdell UK au printemps 1997 afin de poursuivre
notre déploiement en Europe. Nous préférons désormais
reprendre des entreprises existantes plutôt que de créer des filiales
de toutes pièces, comme nous l’avons fait dans un premier temps
en Espagne. Cela nous permet d’accéder directement à certains
numéros de compte. Et nous plaçons à la tête de la
structure un homme de l’entreprise, dont nous avons pu mesurer la capacité
d’adaptation au cours de son parcours dans la maison. " C’est
ainsi qu’Olivier Wagner a été propulsé à la
tête de Truesdell UK. " Il dispose d’une délégation
complète de responsabilités et il a toute latitude pour prendre
les dispositions qu’il juge utiles ", poursuit Bernard Streit.
La culture de l’entreprise étant de ne pas brusquer les choses,
mais au contraire de les faire évoluer avec diplomatie, la première
démarche effectuée par le groupe à l’égard
de ses nouveaux employés britanniques a consisté à inviter
l’ensemble du personnel en France. " Les Gallois ne sont pas plus
méfiants que les autres ", commente le PDG, " mais ils étaient
légitimement inquiets à la suite du rachat de leur entreprise,
en particulier les cadres, qui avaient l’habitude d’une structure
très hiérarchisée. Ce sont sans doute eux qui éprouvent
aujourd’hui le plus de difficultés à s’adapter à
notre mode de management ". Si la greffe semble avoir bien pris, il est
toutefois un domaine qui a surpris le groupe français : le peu d’attachement
qu’ont les employés à l’égard de leur entreprise.
" C’est un peu le revers de la médaille de la flexibilité.
L’un des cadres que nous avions reçu et fêté de façon
princière en France m’a rappelé la semaine suivante pour
me dire qu’il quittait l’entreprise. Il avait apparemment trouvé
mieux, plus près de chez lui. "
Pour réaliser cette opération au Royaume-Uni, HBS Technologie
a fait appel à un cabinet, Frenger UK, basé à Londres avec
lequel le groupe travaillait depuis plusieurs années. Piloté par
un Français, ce cabinet a accompagné toute la négociation
et s’est chargé de tout l’aspect juridique de l’acquisition.
" Je tiens également à souligner que les institutions françaises
comme les PEE ont fait des progrès remarquables ces dernières
années pour aider les entreprises. C’est d’ailleurs grâce
à une rencontre organisée par le poste de NewYork que j’ai
noué les contacts nécessaires à notre prochaine implantation
aux Etats-Unis ". Après avoir mis un pied dans la sphère
d’influence anglo-saxonne, le groupe français entend en effet poursuivre
son déploiement Outre-Atlantique en prenant la majorité au sein
de Truesdell USA. " Si les choses se déroulent comme prévu,
je ferai alors appel aux expatriés qui dirigent nos filiales européennes
et qui bénéficient d’une expérience suffisante. Je
tiens à ce que le parcours dans l’entreprise soit un espace d’aventure
aussi vaste que possible. Et je ne doute pas qu’une expérience
aux Etats-Unis soit motivante. "
Bernard Streit
Président Directeur Général
HBS Technologie