" Ce qui m’a le plus surpris en arrivant au Pays de Galles, c’est
la différence de rythme de travail avec la France. Les opérateurs
sont moins rapides et n’ont pas la même attitude par rapport à
l’entreprise. Ils se sentent moins responsables. Il faut souvent répéter
les consignes et toujours s’assurer que les décisions sont bien appliquées.
Cela dit, l’ambiance est bonne et je suis persuadé qu’une évolution
des techniques de management va rapidement faire évoluer les choses dans
le bon sens. " Olivier Wagner, le jeune général manager de
Truesdell UK Ltd, filiale galloise du groupe HBS Technologie, est très
attentif à la qualité des relations au sein de la petite équipe
qu’il dirige à Newton, près de la frontière anglaise.
C’est une donnée fondamentale dans le groupe, où l’implication
des salariés est considérée comme l’une des clefs de
la réussite. Formé au sein de la maison mère, ce jeune diplômé
de vingt-six ans a été propulsé voilà quelques mois
à la tête de cette nouvelle filiale britannique. Il est le seul Français
sur les dix personnes qui composent l’effectif de la maison.
HBS Technologie qui a fait l’acquisition de Truesdell UK dans l’extrusion
de gaines d’isolation pour les faisceaux électriques, est située
à 150 km de Birmingham, berceau de l’industrie automobile anglaise.
" Avant de prendre mes fonctions à Newton ", explique Olivier
Wagner, " je travaillais pour le compte du groupe sur le marché
anglais. Je n’ai donc pas subi de choc culturel en m’installant.
Je suis toutefois surpris par le coût de la vie ici, relativement élevé,
surtout si on le rapporte aux salaires les plus modestes. " Le jeune Français,
célibataire, note également un certain retard du Pays de Galles
dans les services rendus à la population. " Chez le coiffeur, vous
avez l’impression de revenir trente ans en arrière. "
A l’intérieur de l’entreprise c’est la désinvolture
du personnel qui l’a le plus marqué. " Il y avait manifestement
beaucoup plus de clivages hiérarchiques dans l’entreprise avant
le rachat qu’il n’y en a dans notre groupe. Et le personnel n’avait
pas toujours son mot à dire, ce qui a pu le dé-responsabiliser.
" Pour pondérer son propos, Olivier Wagner se doit toutefois de
préciser qu’HBS n’est pas tout à fait un groupe comme
les autres, même en France. " Chez nous tout le monde se tutoie et
le PDG, très ouvert, communique beaucoup. Ce qui n’était
apparemment pas le cas à Newton. Mes collaborateurs ont, par exemple,
été surpris que je laisse mon bureau ouvert. Mais comme je crois
à ce mode de management, je fais très attention à rester
en permanence à l’écoute des uns et des autres. Le soir,
quand j’ai fini ma journée, je vais voir mes opérateurs
et je passe volontiers une demi-heure ou trois quarts d’heure avec eux.
Je pense ainsi avoir gagné leur respect, c’est un premier pas.
"
Cependant, le jeune manager ne cache pas qu’il doit rester attentif à
la qualité du travail. " Je peux difficilement me reposer sur mon
équipe, qui n’a pas la même conscience professionnelle qu’en
France. " L’une des explications réside sans doute dans le
mode de relations entre salariés et patrons en Grande-Bretagne, où
les ouvriers sont encore payés à la semaine.
A Newton, comme dans l’ensemble des filiales du groupe, l’essentiel
de la production est destiné au marché local ou aux pays voisins,
comme l’Irlande. Les produits à forte valeur ajoutée sont
importés de France, mais il existe également un système
de réexportation entre filiales. " L'européanisation des
marchés rend la communication entre les filiales et le siège,
capitale ", explique le manager général, " c’est
pourquoi nous nous réunissons chaque mois en France pour échanger
les informations en notre possession sur l’évolution des marchés.
Tout est organisé au niveau européen. Je peux par exemple être
consulté par un constructeur anglais pour développer un produit
que je ne fabriquerai jamais, mais qui sera destiné à une usine
espagnole du groupe. L’échange d’informations avec notre
filiale en Espagne est donc essentiel. Cela nous permet parfois de prendre une
longueur d’avance sur la concurrence. "
Olivier Wagner, qui reste pour l’heure salarié détaché
du groupe, entend bien poursuivre son expérience en Grande-Bretagne,
où sa compagne vient le rejoindre régulièrement. Pour les
longues soirées d’hiver et les week-ends, il avoue un faible pour
les pubs gallois " où l’ambiance est vraiment extraordinaire.
Ce sont des gens qui ont un sens peu commun de la fête. "
Olivier Wagner
Directeur Général
Truesdell UK