" Aujourd’hui il n’est pas plus difficile d’ouvrir une
filiale à Düsseldorf qu’à Marseille. On peut fort bien
se débrouiller seul pour monter une entreprise, sans passer par les relais
institutionnels... " Mathilde Bohrmann l’avoue bien volontiers, elle
a travaillé quasiment seule pour monter la filiale allemande d’Electronic
D2, société française spécialisée dans l’intégration
informatique. Cette jeune diplômée n’a pas mis deux ans pour
remplir la mission qui lui avait été confiée et faire décoller
l’antenne de Düsseldorf qui a réalisé dès la première
année, 50 millions de francs de chiffre d’affaire. " Les Français
ont sans doute plus d’atouts qu’ils ne le pensent en Allemagne. En
termes de réactivité, de souplesse et de qualité de service.
"
" L’Allemagne, où nous avions deux ou trois gros clients,
était déjà un marché important pour Electronic D2
lorsque la décision a été prise de créer une filiale
", explique la jeune femme. " Nous avons choisi Düsseldorf en
raison de la situation de la ville au coeur de la Ruhr, pas trop loin de Francfort
et de Hambourg. " Sa première préoccupation a été
de trouver un local, pour y installer son centre logistique où elle pourrait
stocker un peu de matériel, héberger le service technique et assurer
le suivi commercial des clients. " C’était un tout petit local
de 150 mètres carrés et lorsque les affaires ont commencé
à tourner nous nous sommes retrouvés complètement débordés,
sans une chaise de libre ", se souvient-elle.
Juridiquement, la filiale a été constituée sous forme
de GMBA au capital de 50 000 marks, l’équivalent de la SARL, avec
l’aide d’un cabinet d’avocats. " C’est la seule
aide à laquelle j’ai eu recours. Pour le reste les choses ne sont
pas plus compliquées qu’en France. Il faut ouvrir un compte en
banque et se faire immatriculer au registre du commerce. " Mathilde Borhmann
porte ses efforts, dans un premier temps, sur l’établissement de
relations commerciales avec ses clients potentiels. " Comme à l’époque
nous travaillions beaucoup avec Apple, j’ai tout simplement pris la liste
des revendeurs et je les ai appelés un à un pour leur présenter
nos services. Et les choses se sont mises à marcher très vite.
Je crois que les revendeurs ont tout de suite apprécié notre souplesse
et notre rapidité de réaction.
Nous sommes capables de répondre à une demande en 24 heures.
Il faut savoir qu’en Allemagne la plupart des entreprises ferment à
16 heures et que les clients apprécient de pouvoir passer une commande
un peu plus tard dans la journée. Je crois que si nous nous étions
calqués sur le modèle dominant nous n’aurions pas démarré
aussi vite ". Paradoxalement, c’est pour recruter du personnel que
la jeune femme a éprouvé le plus de difficultés. Les horaires,
les conditions de travail et les méthodes de l’entreprise française
ne convenaient pas aux salariés allemands, plus rigides que les français.
Mathilde Borhmann a donc eu recours à des VSNE pour compléter
son effectif. " Les règles de recrutement étant assez floues,
j’ai continué à en demander tant que les autorités
acceptaient. J’ai ainsi bénéficié des services de
trois VSNE sur un effectif de cinq personnes, sans que le colonel chargé
du dossier ne comprenne bien ce qui se passait ", explique-t-elle avec
une touche de malice.
Globalement le marché allemand est plus important et plus technique
que le marché français dans le domaine de l’informatique.
" Nous vendons beaucoup plus de matériels haut de gamme. Quand un
Français se contente de deux giga de mémoire, l’Allemand
en veut quatre. Ils suivent beaucoup plus les développements technologiques
et sont beaucoup plus branchés sur Internet que nous ne le sommes. "
Cela étant, le marché allemand n’échappe pas à
la guerre des prix. L’entreprise française, outre une certaine
agressivité en la matière, a donc tablé sur la qualité
de son service pour faire la différence. " J’ai remarqué
que les Allemands étaient sensibles à l’accent français.
A tel point que j’ai volontairement placé au litige clients une
assistante dotée d’un accent à couper au couteau. Et les
choses se passent très bien. Dans le même esprit, je fais des promotions
pour le 14 juillet que les clients semblent apprécier. Les Allemands
sont, quoi qu’on en dise, très européens. "
Mathilde Borhmann
Directeur Général Adjoint
Electronic D2