DE L’ART DE S’APPUYER SUR LES DÉBUTANTS
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Une usine installée dans le cloître d’un ancien monastère, un siège social investi par les oeuvres d’artistes contemporains, le groupe Axon’ Câble n’offre pas, au premier abord, l’image d’une entreprise high tech très orthodoxe. Cette PME spécialisée dans la fabrication de câbles et de connecteurs de haute technologie est pourtant l’une des plus performantes de son secteur et affiche une croissance à faire pâlir bien des concurrents. En fait, la partie visible de sa communication, axée sur le mécénat, masque une stratégie soigneusement élaborée qui s’appuie sur une culture d’entreprise, une recherche soutenue, une formation constante et une montée en puissance régulière à l’international, notamment en Allemagne.

" Le groupe Axon compte aujourd’hui 750 salariés pour un chiffre d’affaire de 350 millions de francs dont 50 % à l’export ", précise Joseph Puzo, le PDG de cette entreprise atypique, rachetée à son fondateur en 1985 par le biais d’un RES. " Notre marché est un marché de niche, c’est pourquoi nous avons décidé de nous développer à l’étranger. Notre stratégie a été simple. Nous avons créé des filiales dans tous les pays où le potentiel est supérieur à la France (Etats-Unis, Japon, Allemagne et Grande-Bretagne) et nous travaillons avec des agents dans tous les autres. "

Une constante pour la création de ces filiales : ce sont dans la plupart des cas de jeunes ingénieurs qui ont été chargés d’essuyer les plâtres, en qualité de VSNE (volontaires du service national en entreprise). A cela deux raisons. La première est stratégique : Axon’ Câble s’appuie beaucoup sur les jeunes diplômés, à qui elle offre une formation complémentaire en interne, afin d’entretenir une culture d’entreprise dynamique. La seconde est économique : cette formule est en effet d’un faible coût et permet de résoudre au moindre prix les problèmes d’intendance qui se posent inévitablement à chaque nouvelle implantation : trouver des meubles, créer du papier à en-tête... "

Globalement la structure des filiales est la même dans tous les pays. Le personnel du bureau d’étude est plutôt français et les commerciaux sont généralement des autochtones. Le directeur de la filiale est lui, indifféremment français ou originaire du pays d’implantation. " Au départ ", confie Joseph Puzo, " nous donnions quelques avantages à nos expatriés en leur payant, par exemple, le logement. Mais cela créait des tiraillements entre les uns et les autres. C’est pourquoi nous avons décidé de ne plus faire de différences. Les Français doivent dorénavant " s’autochtoniser ". Inversement nous offrons une formation très complète aux salariés étrangers. Les ingénieurs passent un an à notre siège avant d’être opérationnels et les commerciaux, plusieurs mois. "

La filiale allemande était à l’origine, une petite structure commerciale de quatre personnes installée près de Francfort. Déplacée en 1989 à Stuttgart, elle compte désormais quinze salariés et jouit d’une confortable notoriété sur l’ensemble du pays. Cette image n’est pas le fruit du hasard et même si l’Allemagne n’est pas forcément le meilleur exemple en la matière, cela illustre bien la réussite de la politique de mécénat conduite par le groupe. " Notre engagement aux côtés des artistes remonte à 1985, au moment où nous avons dû changer de nom. Il nous fallait monter une importante opération de communication pour imposer Axon. Nous avions décidé d’organiser un symposium technique à Monmirail, notre siège, lorsqu’un artiste nous a contacté pour nous demander d’exposer ses oeuvres, réalisées à partir de câbles. Il a finalement décoré l’usine et à notre grande surprise cette exposition a profondément marqué les visiteurs, qu’ils soient banquiers, industriels ou journalistes.

Nous avons obtenu plus de cent cinquante articles de presse, un résultat inespéré pour une mise de fonds, somme toute, raisonnable, environ 150 000 francs pour l’ensemble des manifestations. Il a donc été décidé de réitérer ce type d’opération pour lancer chacune de nos filiales. A Stuttgart nous avons commandé une sculpture à une artiste allemande, Gloria Friedmann et nous avons réservé un lieu symbolique pour l’exposer et organiser un symposium technique à l’adresse des industriels allemands : le déambulatoire du cloître des Carmélites, face au musée d’art moderne. Nos clients allemands on ainsi pu assister à notre manifestation tout en admirant les fresques du XIVème qui ornent le déambulatoire. Et comme à chaque fois en pareille circonstance, nous avons obtenu d’importantes retombées médiatiques et imposé, d’entrée de jeu, notre nom. "

Joseph Puzo
Président Directeur Général
Axon’Câble